" Nos capacités communicationnelles, affectives et créatives sont exploitées
au maximum". On est pas dupe. Le contrôle social régimente nos vies. Les
polices de l’Etat Social Actif traque et punit nos désertions du salariat et
des autres formes d’exploitation. Désobéir, ça on aime beaucoup. Nous sommes
des travailleurs hybrides, nomades et singuliers. Bien que créateurs d’un
grand flux de richesses sociales, nous sommes rejetés dans un no man’s land
du droit. Les gardiens de l’Empire ne nous tolèrent que bénévoles. Nous,
banlieusards du travail salarié, n’avons jamais vu et ne verrons jamais le
désormais mythique contrat à durée indéterminée. Qu’importe nos façons de
vivre et de produire sont multiples, nous rêvons d’autres choses. Et notre
lutte passe par la reconnaissance de nos modes de vie, nos manières de
désirer et de produire.
Les cybermandaï/e/s est un collectif né 2002 de la rencontre de
l’intersidérale, petite tribu zapatiste d’intellectuels précaires
principalement liégeois et d’autres tribus de squatteurs, étudiants,
artistes et militants de toutes sortes. Il s’autodéfinit comme un collectif
de barbares sympas et polymorphes, intermittents de la société du spectacle,
adeptes de politique festive rose et argent , fans des barbapapas - qui
comme eux se transforment à volonté - font la fête à la fête du travail en
subversion colorée. Pour les mutants, les blobs, les précaires, les
cosmonautes et les hors genres.
Liège 2002, le collectif s’accorde pour dire la meilleure façon de célébrer
la fête du travail est d’organiser une streetparty.. Le 1er Mai, les
cybermandaï/e/es prennent les rues et se ré-approprient leur ville de
manière plutôt festive. La street-party aura été le fruit d’une double
réflexion, d’abord le 1er mai, fête du travail, devait être la fête de tous
les travailleurs y compris ceux qui ne sont pas reconnus en tant que tels,
et donc le monopole des syndicats qui ne représentent et ne défendent qu’une
partie des travailleurs devait être critiqué, ensuite cette critique pouvait
devenir la base d’une nouvelle conception du travail dans laquelle les
travailleurs précaires pouvaient se définir comme producteurs d’une richesse
non-reconnue.
En avril 2003, un commando cybermandai/e/s attaque une agence intérim
recouvrant les vitrines de slogans genre "si tu ne trouve plus rien, cherche
autre chose" pendant une manifestation ouvrière, c’est le tour de chauffe.
Le 1er mai, la steetparty est prolongée par l’occupation symbolique et
éphémère d’une école inutilisée appartenant la ville de Liège. Cette
occupation est un moyen concret de célébrer et de faire vivre ce qu’ils
sont, des travailleurs précaires, et ce qu’ils font, produire de la richesse
immatérielle non-stop. Le but de cette opération était d’ouvrir une Zone
Autonome Temporaire à même d’accueillir toute cette production immatérielle.
Dans ce monde en guerre (eh oui, pour ceux qui ne l’ont pas encore remarqué,
la guerre est globale et permanente), cette initiative cybermandaï/e/s avait
pour but d’ouvrir un centre social, c’est-à-dire un lieu réaffecté à un
usage échappant aux lois de la marchandisation et du formatage du monde, ce
qu’ ils appelent l’Empire. Ouvrir un espace d’échange, un espace de vie et
de discussion est un acte politique.
Les cybermandaï/e/s quittent les lieux après cinq jours d’occupation en
ayant pu partager leurs réflexions et leurs questions avec des centaines de
personnes. Le savoir, les connaissances, la communication, l’information
sont considérés par tous comme des enjeux fondamentaux de notre présent.
Celui qui n’y a pas accès est un exclu social. Les cybermandai/e/s ont voulu
poser la question donc de l’identification de ce que sont les savoirs, des
lieux où ils passent et se transmettent ? Qui a le pouvoir de produire et de
transmettre des savoirs autres que ceux que le marché réclame pour
fonctionner ? Où sont les autres lieux de production et d’échange ? Quels
savoirs sont vecteurs d’émancipation ? Comment les savoirs, plus
généralement, se produisent-ils, s’acquièrent-ils, s’échangent-ils ? A qui
et à quoi servent-ils, et comment ? Comment se confrontent-ils aux
enclosures liées à la propriété intellectuelle et aux lois du copyright ?
Comment la question de leur production se lie-t-elle à celle du revenu ?
Il leur semble impossible de faire l’économie de la question des conditions
d’une reconquête par le savoir de son statut de bien collectif, social et
non-privatisable. Peut-être faut-il chercher à construire des dispositifs
nouveaux et multiples de production et d’échange, fondés sur la coopération
... C’est sur cette base qu’une partie du collectif s’engage sur un nouveau
projet « Blablaxpress » , d’une part et que la l’année suivante, le collectif
« ...suivre le lapin blanc », crée pour l’occasion, organise l’ouverture d’un
bâtiment appartenant à l’université de Liège et baptisé "faculté autonome du
Kaspatou".
Blablaxpress est une association sans but lucratif. Des cybermandai/e/s se
sont rassemblés autour d’un projet de microservice public numérique, un
projet de médias indépendants et de laboratoire informatique libérée. Au
cœur du projet de blablaXpress, il y a surtout la tentative de penser les
mutations en cours, de les travailler dans le sens d’une plus grande
autonomie pour nous. BlablaXpress est fait de machines, de câbles, de
connexions éthériennes, de délocalisations, d’un local, de savoirs-faire, de
cerveaux qui coopèrent. L’objectif de blablaXpress est de promouvoir la
« copyleft attitude » , d’offrir un accès libre à un espace, des outils et des
méthodes qui permettent à ses usagers de s’exprimer à travers les nouvelles
technologies de l’information et de la communication (NTIC) et de gérer
collectivement ces outils. En ce sens Blablaxpress veut être un l’outil de
la communication des cybermandaï/e/s
Aujourd’hui, il y a certainement une possibilité concrète de dépasser le
simple droit à l’information pour tous pour proposer le droit à
l’autogestion de la communication. La rencontre d’une mutation technologique
avec un désir de mutation sociale amène à considérer les NTIC comme
l’opportunité d’explorer un mode de production et de communication
différent : celui du rapport de tous à tous. Elles offrent la possibilité de
quitter le siège du spectateur pour gagner la posture de l’usager. Dans
Blablaxpress l’enjeu réel est plutôt de se réapproprier les médias en tant
que moyens de production de besoins, de désirs et de relations plutôt
qu’uniquement comme moyens de représentation.
Le 1er mai 2004, les cybermandai/e/s savent qu’ils ne sont pas les seuls à
travailler la question du précariat, toute une genération de jeunes
européens est en train de prendre conscience d’elle-même. Ils changent
momentanément de nom et occupent un bâtiment appartenant à l’université de
Liège. L’intention d’y établir une centre social pour y développer un usage
échappant aux lois de la marchandisation et du formatage du monde est claire
et partagée. Les cybermandaï/e/s espèrent pouvoir travailler leurs
questionnements et leurs revendications politiques. Malgré l’expulsion
immédiate, des négociations sont entamées pour trouver un lieu qui pourra
accueillir un centre social autonome. Quant à blablaxpress, l’association
attend avec impatience l’ouverture du centre social pour pouvoir y installer
ses bureaux et ses activités.
En 2005, il est question d’organiser l’euromayday à Liège, en collaboration
avec des activistes et des collectifs de toute la région et de tout le pays.
Une première scéance d’info est prévue ce mercredi 16 au « carlo levy », n°48
rue st léonard.
Une liste de travail est fonctionelle :
euromayday lists.collectifs.net
RIEN POUR NOUS
TOUT POUR TOUS
http://intersiderale.collectifs.net
http://cybermandai.collectifs.net
http://www.kaspatou.org
http://blablaxpress.org
http://euromayday.org
Source/auteur : http://liege.indymedia.org