Après l’action à l’Unedic
continuer et ne pas taire !
Quoi qu’en disent les marchands d’illusion qui prétendent « réhabiliter le travail », le plein emploi est mort. Il faut de nouveaux droits !
L’occupation de l’Unedic a ré-ouvert un espace de débat et de possibles que la campagne présidentielle avait quasiment étouffé. Cette action a posé des problèmes que les candidats s’étaient bien gardés d’évoquer pendant des mois. La précarité, exponentielle, ce n’est pas seulement le contraire du CDI - Qui représentent les partenaires sociaux ? Leurs maigres adhérents ? - Le ministre de l’intermittence s’appelle Borloo - Comment sont construits les chiffres du
chômage ?
Nous voulons continuer à poser publiquement ces questions ! Nous invitons chacun à s’en saisir.
Suite à cette action nous essayons de dépasser les contraintes du présent, de les assumer sans s’y borner.
Que se passe-t-il ?
L’évacuation, la répression - 3 blessés, heureusement légers, jeudi 26 lors de l’évacuation ; des convocations policières à l’instigation de la CFDT ; Marc, arrêté à l’Unedic, pourrait comparaître le 12 juin, à moins d’obtenir l’abandon des poursuites - ça sert à quoi ?
S’ils tapent, s’ils nous font des procès, ce n’est pas dans le but de faire mal ou d’infliger du sursis à untel ou tartempion mais pour nous occuper les mains, et la tête. Parce que pendant qu’on communique sur la répression, pendant qu’on va voir nos avocats pour fabriquer une défense, pendant qu’on organise des rassemblements au palais de justice, eh bien on ne fomente rien avec les grévistes de la Dares ou de Québecor, on n’appelle pas à occuper les Assedic, on ne harcèle pas hidalgoroyal sur le vide sidéral de leur discours en matière de droits sociaux. Bien sûr, il faut jouer en défense, agir face à la répression, c’est obligatoire et ce serait indécent et suicidaire d’y manquer. Mais dans ce cas comme dans d’autres, la meilleure défense c’est encore l’attaque : poursuivons le travail entrepris à l’Unedic, dans la
peur ambiante, laissons-nous porter par la joie de cette action.
Superprécaire s’apprête à s’envoler pour chercher de l’eau !
Personne ici n’a envie de voir Sarkozy nous écraser la tronche pendant 5 ans. Mais là n’est pas le problème. Le problème c’est de faire comprendre à sa challenger que ce ne sera pas gratos, et qu’elle ne peut pas compter uniquement sur la politique du moins pire si elle veut son appartement de fonctions à l’Élysée. Qu’il ne suffit pas d’envoyer un député socialiste déposer une PPL (Proposition parlementaire de loi) qui n’a aucune chance de passer : la date anniversaire, ils nous la doivent, et s’ils arrivent aux manettes, il ne faudra pas qu’ils nous racontent que les partenaires sociaux doivent à nouveau négocier sous leur oeil bienveillant. Il faudra bien leur faire comprendre que, quels que soient leurs liens organiques avec la CFDT, le paritarisme est désormais beaucoup trop faisandé pour qu’on lui laisse décider de la vie de millions d’entre nous. Que la sécurité sociale professionnelle comme slogan et l’apologie incantatoire du plein emploi, ça ne suffira pas à nous faire oublier que c’est un gouvernement de gauche qui a agréé le PARE (Programme d’aide au retour à l’emploi) à l’Unedic, une ministre socialiste qui a mis en place dès 1992 les bases de la politique de contrôle des chômeurs qui s’applique aujourd’hui aussi aux annexes 8 et 10 du régime d’assurance chômage. Que l’intermittence, c’est un problème de droits sociaux, et pas seulement pour les artistes. Qu’avant de parler de « réhabiliter le travail », il faudrait peut-être songer à nous donner les moyens de bosser, c’est à dire de vivre, de se réunir, de gamberger, de se loger, de se déplacer, de respirer, plutôt que d’aller boucler ses fins de mois à trimer
chez Décathlon, Adia ou Carrefour pour cause de pas d’allocs.
Nous voulons bien croire que les camps de vacances forcées encadrés par des militaires, c’est moins pire que les centres fermés pour mineurs délinquants, que les expulsions par avions de ligne c’est plus soft que les charters bourrés de sans papiers jusqu’à la gueule, que le RMA de gauche sera plus social que celui de droite, mais ça ne suffit ni pour l’enthousiasme ni pour nous faire fermer notre gueule.
L’action à l’Unedic a ouvert un espace de parole et de visibilité que l’on n’espérait plus. Chargeons la barque. Poussons l’avantage. Invitons la gauche à la table des négociations. Agissons pour que ces postulants à l’élection entendent qu’il faut qu’ils revoient leur copie, et que lorsqu’ils auront enfin admis l’idée que l’emploi ce n’est pas le contraire du chômage, on pourra commencer à discuter.
La politique du moins pire, il sera bien temps de la faire dimanche prochain, chacun dans son coin, bien isolés avec notre petit bulletin citoyen en main.
D’ici-là, et après, autant tenir ferme le cap d’une politique du mieux.
Communiqués des occupants :
Attention fragile : précaires, intermittents, chômeurs, non à la précarisation
Changement de propriétaire à l’Unedic
La France assistée vous invite
Zut, zut et zut ! Nous voulons des golden parachutes
Aux questions posées, l’Unedic répond : pas de liquide pour les chômeurs
Du liquide pour les précaires !
Quelques extraits de presse :
Photos et résumés sur HNS-info
L’Unedic occupée fait du chantage aux « allocations retardées » (actuchômage)
Article de la Tribune 25/04 : la question sociale s’invite dans les derniers jours de la campagne présidentielle