Samedi 10 mai 2008, une mise en bière fut perturbée, des camarades ont réussi à lire le texte suivant, diffusé en direct à l’antenne vers 9h30.
Messieurs qui dites occuper l’Odéon,
Nous ne sommes pas particulièrement en colère contre vous. Vous entendre enterrer une des plus belles révoltes que le vingtième siècle ait connu par ici, ne nous étonne plus.
Si nous prenons aujourd’hui, ce temps d’antenne, c’est pour dire à ceux qui écoutent, qu’à l’heure où les anciens combattants rabâchent leurs faits d’arme, à l’heure où les experts évacuent le sens des mots à coups de verbiages.
A cette heure, d’autres s’emparent du présent et tentent de l’habiter par leurs luttes et leurs révoltes.
A cette heure, par exemple, des migrants enfermés se battent dans les centres de rétention : grève de la faim, refus de se faire compter, de rentrer dans les chambres, cellules brûlées. Et les CRS qui régulièrement prennent le relais des matons pour étouffer à coups de matraques les révoltes naissantes.
Nous rentrons dans la lutte aux côtés des enfermés, notamment en relayant à l’extérieur ce qui se crie à l’intérieur des centres, car nous avons décidé de traduire en actes notre dégoût de la chasse aux étrangers. Et nous le faisons en désertant les formes mortes de la politique de parti, de représentation, de hiérarchie.
Dans ce « nous » de mouvement, dans ce « nous » de révolte se trouvent trois personnes, qui se rendent le 19 janvier 2008 à la manifestation contre le centre de rétention de Vincennes et se font contrôler. Ils ont sur eux, comme d’autres, des clous tordus et du fumigène artisanal. Des clous pour faire barrage aux véhicules. Un fumigène pour saluer les détenus.
Un équipement relativement banal, donc. Mais là où l’on ne peut que voir des fumigènes et des crève-pneus, la police décide de voir les ingrédients d’une bombe artisanale. « Terroristes » crient en cœur la justice et les journaux. Et voilà deux amis, Ivan et Bruno, jetés en prison en l’attente d’un procès, placés sous juridiction anti-terroriste.
Aujourd’hui, cela fait presque quatre mois qu’ils y sont.
Pourquoi ?
Parce qu’un mouvement commençait à prendre trop d’ampleur ? Parce que les formes de lutte qu’ils ont choisi ne correspondent pas aux cardes de contestation prévus et encadrés par le instances dirigeantes ?
Vous l’aurez compris, nous n’aimons pas les pavés muséifiés.
Nous allons laisser continuer les gens de médias, sans nous, tâcher de noyer les puissances de la lutte dans des phrases sans effets. Mais maintenant, vous savez qu’aujourd’hui encore, quelques uns crient fort et qu’on les jette en taule.
Sachez aussi que nous ne nous laisserons pas faire.
SOLIDARITÉ AVEC IVAN ET BRUNO ET TOUS LES ENFERMÉS
MERDE AUX CROQUE-MORTS