Depuis 1992, les Coordinations des intermittents du spectacle se sont construites sur d’un constat et d’une revendication : la discontinuité de l’emploi qui caractérise le secteur du spectacle concerne un nombre grandissant de travailleurs et pas uniquement les artistes et les techniciens du cinéma, du théâtre, de la télévision, du cirque, de la danse, etc. [1] Pour combattre la précarisation et la paupérisation de couches de plus en plus importantes de la population, le régime de l’intermittence doit être élargi à tous les travailleurs soumis à la flexibilité de l’emploi.
Les participants au mouvement social qui a débuté en juin 2003, ont, pour la première fois, assumé d’être à la fois « intermittents » et « précaires ». La Coordination des Intermittents et Précaires a ainsi porté le conflit à un niveau supérieur en le déplaçant sur un terrain politique.
En démontrant que le travail déborde l’emploi, que le temps de chômage est aussi un temps d’activité, que ces activités restent invisibles à l’entreprise et aux institutions, les intermittents se battent pour des « nouveaux droits sociaux », pour la continuité des droits et du revenu en situation de discontinuité de l’emploi, plutôt que pour l’emploi à plein temps.
Ce livre retrace la genèse, les développements et les résultats d’une recherche qui a été le fruit d’une coopération et d’une coproduction entre « savants » et « profanes », entre des chercheurs universitaires et les militants des collectifs et des coordinations.
Intermittents et Précaires, Antonella Corsani et Maurizio Lazzarato. Editions Amsterdam. 2008