De décembre 2007 à juin 2008, le centre de rétention administrative de Vincennes a connu une révolte quasi continue. Les retenus ont résisté en s’affrontant avec la police, refusant de manger, d’être comptés, déchirant les cartes d’identification, brûlant leurs chambres...
Le centre de Vincennes était la plus grande prison pour sans-papiers de France. Le 21 juin 2008, un retenu qui avait réclamé en vain ses médicaments y mourrait. Le lendemain 22 juin, les retenus organisèrent dans le centre une marche silencieuse qui fut fortement réprimée. Au cours de la révolte qui s’en suivit la prison est partie en fumée. Cet incendie fait écho aux révoltes fréquentes qui secouent les camps de transit européens pour migrants. En Italie, Espagne, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Turquie...
Depuis l’incendie l’Etat a multiplié les arrestations de retenus présents ce jour-là, dans le souci évident de faire des exemples et de dissuader quiconque de se révolter. Huit personnes sont à ce jour poursuivies pour « destruction de biens par l’effet d’incendie et violence à agent de la force publique avec une incapacité totale de moins de cinq jours en réunion ».
Sans chercher à savoir s’ils sont « coupables » ou « innocents », nous soutenons ces hommes aujourd’hui incarcérés en attente d’un procès où ils risquent dix ans de prison ferme, parce que nous nous opposons à la recherche de responsables d’une révolte collective.
La seule culpabilité réside dans une politique qui fait que des êtres humains sont pourchassés, arrêtés, enfermés, expulsés au prétexte qu’ils ne disposent pas de papiers administratifs que l’Etat nous impose d’avoir.
La responsabilité réside dans la politique de contrôle des mouvements migratoires. Chaque année des milliers de personnes meurent en essayant de franchir des frontières.
Quatre mois après l’incendie, le 10 novembre 2008, le centre de Vincennes a rouvert avec un premier bâtiment de soixante places (deux autres suivront). Moins nombreux, les retenus sont plus facilement contrôlables.
Aujourd’hui nous sommes solidaires de tous ceux accusés d’être à l’origine de l’incendie de Vincennes parce que nous sommes solidaires de celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se révoltent contre un monde où des millions de vies sont suspendues à des bouts de papiers.
Nous exigeons l’arrêt des poursuites et la libération immédiate des inculpés de Vincennes.
Comité de soutien aux inculpés de Vincennes
Une soirée de soutien aux inculpés de Vincennes aura lieu à la CIP, samedi 17 janvier, à 18h un débat, à 19h30 à Manger et à écouter (rap, slam, ska, punk).
Feu au centre de rétention
Au cours des six mois qui ont précédé l’incendie du centre de rétention
de Vincennes, le 22 juin 2008, les migrants « retenus » ont multiplié
les actes de résistance, refusant de manger, d’être comptés, déchirant
leurs cartes, brûlant leurs chambres, affrontant la police. Six mois de
luttes collectives durant lesquels nous n’avons cessé de leur téléphoner
et de recueillir le récit de leurs révoltes.
Alors que Brice Hortefeux vient d’annoncer la réouverture du centre de
rétention quelques mois seulement après l’incendie, la lecture des
témoignages des ex-retenus est plus que nécessaire.
Au fil des pages, il apparaît clairement que l’incendie de Vincennes et
la révolte des enfermés étaient inévitables. Le décès d’un retenu
tunisien le 21 juin, à qui l’administration refusait les soins
appropriés, a été l’élément déclencheur. Ce que les sans-papiers de
Vincennes nous disent pourrait tout aussi bien avoir été recueilli
ailleurs, dans l’un des nombreux camps d’internement pour migrants
érigés par les pays riches afin de contrôler les mouvements des
populations pour mieux les exploiter.
À la suite de la révolte collective qui a abouti à la destruction de
cette prison spéciale pour étrangers, six personnes ont été
interpellées.elles sont aujourd’hui détenues à fresnes et à
fleury-Mérogis,dans l’attente de leur jugement. Les bénéfices de ce
livre seront entièrement consacré à leur défense.
Des sans-papiers témoignent
Feu au centre de rétention
Collection « à boulets rouges »
7€ - 160 pages - format 11/16,5
Éditions libertalia
21 ter, rue Voltaire - 75011 Paris