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Université en lutte : Intervention policière dans une épicerie d’art

Publié, le vendredi 13 février 2009 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : samedi 7 mars 2009


Le mercredi 11 février 2009, plusieurs dizaines d’étudiants et de participants à l’actuel mouvement dans les universités se sont invités au centre d’art Bétonsalon qui se trouve en face des locaux de Paris VII, avec l’intention affichée de donner vie à cette vitrine de l’art contemporain.

Les refusés de Bétonsalon

Face à tant de spontanéité créatrice, les gestionnaires du centre d’art et leurs artistes invités n’ont pas trouvé de meilleure idée que de requérir l’intervention des forces de l’ordre pour faire évacuer les lieux.

Détail accablant, l’exposition actuellement en montage à Bétonsalon s’intitule « Farenheit 451 » et prétend traiter de « la confrontation entre censure et résistance, l’incarnation d’une esthétique visionnaire ou encore la langue comme force combative, (...) matérialisées au sein des oeuvres proposées dans l’exposition ». Il fallait voir ce mercredi soir cette soi-disant « langue comme force combative » protégée par une trentaine de gardes mobiles casqués, harnachés, armés : « esthétique visionnaire » s’il en est.

Au lendemain de cette intervention, et sans en faire le moindre récit, Bétonsalon communique et prétend organiser ce vendredi 13 février à 17h - deux heures avant le vernissage de l’exposition Farenheit 451- une réunion publique de « solidarité avec le mouvement étudiant ». Que faut-il attendre d’une telle démagogie ?

Qui entendait le mot Bétonsalon comme un constat neutre de l’état du lieu saura y voir désormais un lieu de l’Etat.

Qui saisissait le mot salon comme une ironie légère sur les formes autrefois traditionnelles de monstration sait désormais que l’éclectisme post moderne peut assumer avec la simplicité décomplexée qui tient aujourd’hui lieu de liberté officielle un caractère ouvertement réactionnaire.

Aujourd’hui appeler les flics pour virer un sitting d’étudiants dans une expo appelée « Fahrenheit 451 », c’est possible.

Aujourd’hui fabriquer « de l’art engagé » et omettre à quoi ça engage, c’est possible.

Aujourd’hui porter plainte contre les participants à un mouvement social pour conforter sa carrière, c’est possible.

Aujourd’hui diriger un lieu culturel public et être hostile à toute expression collective, c’est possible.

Ce que promettent nos maîtres, leurs valets le réalisent.

L’àquoibonnisme néolibéral sait vivre de nos appétits, et aussi les détruire.

Nous pouvons dormir tranquilles, tout est devenu possible.

On dit du béton qu’il peut vaincre parce qu’il est armé.
Nous aussi nous le sommes : comme le dit une chanson du grand nombre « ce n’est pas dans les salons que nous obtiendront satisfaction ».

Face au possible, étouffant et stérile, qui se manifeste partout avec la morgue tranquille des assis, nous sommes le nécessaire.

Et nous saurons lui faire droit.

Nous, usagers, concernés de l’art, de la contestation, de l’auto-organisation, appelons à l’ouverture sans conditions de Bétonsalon aux joies, recherches, incertitudes des mouvements sociaux auto-organisés.


OPERATION BETON !

Depuis le déménagement de Paris VII dans un quartier nouvellement créé et réservé aux cadres dynamiques, notre fac n’est ni plus ni moins qu’un no man’s land. Les seuls espaces ayant pignon sur l’esplanade sont une cafèt’ minuscule et une vaste salle vide dédiée à l’art conceptuel appelée « Betonsalon ». Ce truc n’attire que sa clientèle habituelle et ne présente aucun intérêt pour ceux qui fréquentent quotidiennement la fac. Nous avons décidé de nous approprier « Betonsalon » afin qu’il trouve enfin une utilité. Cette occupation est l’occasion d’injecter un peu de vie dans ce large parking désert. Parce que des mouvements se développent aujourd’hui (luttes universitaires, lycéennes, de la fonction publique, du secteur privé), un tel lieu pourrait également servir d’espace de mise en commun d’idées et de modes d’actions. L’ex « Betonsalon » (qui ne saurait tarder à être rebaptisé) peut permettre de faire vivre nos luttes en dehors du seul cadre formel des AG. La rupture avec le train-train quotidien, l’élaboration de pratiques collectives autonomes font vivre les résistances. L’occupation de l’ex « Betonsalon » peut permettre à la fois l’organisation de bouffes, concerts, boums, concours de pétanque, Battle de hip hop ; mais aussi de projections de films, débats, entrainements au lancer d’œufs sur CRS, etc

Au programme aujourd’hui : 12h30 : festin gratuit Après-midi : discussions sur l’avenir de l’ex « Betonsalon » et des luttes en cours. Soirée : Grosse teuf

Université Paris VII, Grands Moulins, 16 rue Marguerite Duras, 75013 PARIS, M°14 François Mitterrand


Bétonsalon ouvert

Vendredi 13 février, en fin d’après-midi, les équipes de bétonsalon et de l’exposition Fahrenheit 451 ont satisfait aux revendications des manifestants quant à l’occupation du lieu.

Après deux heures de discussion, et des excuses pour la réquisition des gardes mobiles, il a été décidé que les locaux du centre d’art seraient laissés ouverts et à disposition pour les besoins du mouvement pour l’abrogration de la LRU et des réformes des statuts universitaires : accueil des collectifs, réunions de travail, assemblées, rédaction de tracts, rencontres, convergences.

La place de l’exposition dans cette nouvelle configuration est en discussion.
À suivre...


À quoi sert l’école ? L’université ? Pour mettre à distance l’encombrante doxa sur le savoir « gratuit et désintéressé », on peut imprimer (pdf téléchargeables), lire, faire circuler, débattre :

L’école, atelier de la société-usine

Dix Thèses sur l’Université Productive

Université, quelle lutte contre la société de concurrence ?

Caddies pleins, mots, pour tous




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