Une longue manche a commencé, un liyannaj s’y construit.
200 étudiants d’universités franciliennes ont occupé Sciences Po durant 3 heures mardi en fin de journée.
Une banderole « Gouverner, exploiter, privatiser, c’est ici que ça s’apprend, là où le savoir est au service du pouvoir » ornait le bâtiment.
Des cars de police se sont déployés autour de l’IEP, après une assemblée générale, les manifestants ont quitté les lieux en cortège.
Après l’AG, 300 grévistes de la fac de Toulon ont mis le feu à une barricade, bloquant l’accès à la zone commerciale Grand Var. Partout, les actions se multiplient, dont des autoréductions dans la grande distribution, comme à Paris, Rennes, Nantes, Toulouse. Hier les grévistes de la fac de Caen étaient 400 à occuper la direction régionale du travail. Les exemples sont si nombreux qu’il devient difficile de les recenser.
Hier, mardi, 500 personnes réunies lors de la « nuit des étudiants » organisée à Paris VII, sont parti en manif du 13e à la Butte Montmartre. Il y aurait, selon la police, 4 arrestations.
Parce que l’élitisme n’a pas lieu d’être, le peuple s’installe au château
Nous, étudiants et professeurs et personnels de diverses universités franciliennes occupons aujourd’hui SciencesPo. (IEP), symbole du système élitiste et hiérarchique dans l’enseignement supérieur français. Nous entendons ainsi dénoncer les inégalités de nos conditions d’étude et d’enseignement et exprimer notre opposition à une institution dont le seul but est la constitution et la pérennisation d’une bureaucratie d’Etat et d’une technocratie marchande.
Notre démarche s’inscrit dans une mobilisation, entamée il y a 6 semaines, contre la loi L.R.U (loi libertés et responsabilités des universités) et tous les projets de décrets qui en découlent : la destruction des IUFM, le contrat doctoral unique, la modulation des services, la réforme de l’allocation des moyens...
Ces réformes contre lesquelles nous nous unissons aujourd’hui, suivent directement la logique du processus de Bologne : compétitivité, rentabilité, privatisation, précarisation.
On veut nous enfermer dans des facultés qui tombent en ruine, alors nous nous enfermons dans l’école la plus riche.
Succès : « À quand une université efficace ? » Cette causette réunissant V. Pécresse et B. Julliard (ex pdt UNEF), prévue à l’ENA, a été « reportée » pour éviter que la mobilisation francilienne ne se cristallise pour l’annuler.
Repli : V. Pécresse a également annulé sa participation, annoncée le 20 mars, au « Forum Libération » à Rennes. L’incertitude et la crainte ruinent enfin quelques châteaux, et, dans les chaumières, on rigole et respire davantage.
Occupation de l’ENA
Lettre ouverte à Madame Pécresse, lors de l’occupation de l’ENA du 16 mars 2009.
Madame Pécresse,
Nous aussi pourrons dire que nous avons fréquenté l’Ecole Nationale d’Administration, ses fauteuils bleus en velours aux couleurs de l’Europe, son grand écran, et ses caméras, son jus d’orange de marque, son architecture monumentale et raffinée, son wi-fi. Cette école sert à former tous les cadres des partis politiques, des ministères et différentes administrations. Elle contribue à renforcer la noblesse d’état et ceux pour lesquels elle travaille. De même elle organise la reproduction de la
classe dominante aux frais du contribuable.
Vous et Bruno Julliard, ex-président de l’UNEF, aviez prévu ce lundi 16 mars à l’ENA une conférence intitulée « A quand une université efficace ? ». Malheureusement, vous n’étiez pas au rendez-vous à ce débat, prévu sans universitaires, est-ce bien légitime ? Où avez-vous fui ? Nous attribuons votre absence au fait que les syndicats qui se chargent de négocier en notre nom oublient ici et là nos revendications.
Les réformes actuelles de l’université, notamment la LRU, qui s’inscrivent dans les processus de Bologne et Lisbonne, détruisent radicalement l’université depuis quelques années. Nous sommes solidaires des luttes à l’étranger des étudiants, chômeurs, sans-papiers et travailleurs de tous
les pays. Le chemin de ces réformes est de nous imposer la compétition, l’endettement à vie, la marchandisation, la sélection des savoirs, des compétences et des enseignements soi-disant rentables, choisis par les entreprises, tout cela étant incompatible avec la production et la diffusion du savoir Plus de la moitié des étudiants travaillent pour financer leurs études : nous ne voulons plus être de la chair à patron.
Nous refusons le diktat de l’efficacité et de la rentabilité. Nous dénonçons les inégalités profondes qui structurent l’enseignement supérieur français : la disproportion des moyens investis dans les grandes
écoles et les universités est inacceptable. Nous revendiquons la liberté de nous former de manière non-professionnelle, de nous former gratuitement et librement.
NON ! L’université ne sera pas « efficace » puisque vous entendez rentable économiquement. Pour cette raison nous exigeons l’abrogation de la LRU.
ENSEMBLE enseignant-e-s, étudiant-e-s, chercheurs-euses, sans-papiers, invisibles, nous occupons temporairement et utilisons l’ENA pour contrer la politique désastreuse du gouvernement.
Université, quelle lutte contre la société de concurrence ?
À quoi sert l’école ? L’université ? On peut imprimer (pdf téléchargeables), lire, faire circuler, débattre, prolonger :
L’école, atelier de la société-usine
Dix Thèses sur l’Université Productive
Intermittents, enseignants, chercheurs, précaires, CE QUI NOUS RASSEMBLE...