Prologue
Depuis septembre 2008, des discussions étaient en train avec la Mairie de Paris pour un relogement pérenne de la coordination des intermittents et précaires. Malheureusement les deux propositions faites par la ville étaient inférieures en termes d’espace et d’infrastructure aux locaux qui nous abritent actuellement dans le 19ème arrondissement, aussi les avons-nous refusées. Las, le 9 octobre dernier, une lettre de la Mairie de Paris nous sommait de quitter, au plus tard le 15 octobre, l’immeuble du 14/16 quai de Charente. Motif : les travaux de la ZAC Claude Bernard doivent avancer.
Malgré notre réponse par recommandé, les différents services de la Mairie restent injoignables. [Surplus de réunions, contamination des différences services par la grippe A, soudaine nécessité d’aller sur le terrain... ? ] Des travaux ont même commencé le long du quai avec installation d’un imposant groupe électrogène juste devant notre sortie de secours. Des discussions sur le trottoir avec les ouvriers chargés du désamiantage nous apprennent que, d’après leur calendrier, ils doivent faire tomber notre immeuble début janvier. Alerte ! Alerte !
Si l’information ne vient pas à nous, allons donc la chercher.
Acte I
Jeudi 5 novembre, Bertrand Délanoé rend compte de son bilan à mi-mandat dans la salle Olympe de Gouge dans le XXème arrondissement. Quoi de mieux pour exiger du maire un engagement public de notre relogement dans des conditions qui permettent le maintien de l’expérience proposée à la CIP de mise en commun, de fabrication et de partage de ressources en dehors d’un circuit marchand ?
L’entrée bien qu’annoncée libre est bien gardée : filtrage, RG et policiers dans les rues alentour, jusque devant l’entrée de la crèche mitoyenne à la salle. La grande messe commence devant un parterre d’une centaine de sympathisants majoritairement retraités. Dehors, le rassemblement de 150 personnes est arrivé à proximité des lieux. Nous apprenons qu’il est bloqué et se fait malmener (ah bon !). M. Delanoé prend la parole après les remerciements sirupeux de Patrick Bloche : « Mais, non tutoie-moi.« - »Mais oui. Bertrand, merci." - Oui, nous sommes amis... »
Acte II
Une personne se lève et interpelle de la salle le Maire, lui demande de s’engager publiquement à ce que la CIP soit relogée et lui signifie que le rassemblement en soutien à la CIP qui se trouve dehors cesse d’être malmené. Deux banderoles sont déployées : CETTE VILLE EST RICHE ET PLEINE DE PAUVRES et NOUS AVONS BESOIN DE LIEUX POUR HABITER LE MONDE
D’autres membres de la coordination interviennent. L’échange est vif et long, mais le micro est monopolisé par le Maire, ceux destinés au public ont été coupés.
Le staff des directeurs de cabinet chorégraphie un ballet administratif et chacun vient nous proposer un rendez-vous de couloir afin que nous quittions la salle.
Notre détermination sera la plus forte et dans ce rapport de force entre ceux qui ont le droit de parler et ceux qui doivent se taire, le maire cesse son discours et propose rouge de colère aux habitants du 11e de lui poser des questions.
Nous ne ferons pas de commentaires sur la mise en scène par la mairie elle-même de la première question adressée au maire.
Dehors, toujours encerclés par les flics on s’ennuie un peu, heureusement on se réchauffe avec du vin chaud et on s’amuse tout de même à crier : IL EST TOUT ROUGE ET IL VEUT PAS RÉPONDRE À NOS QUESTIONS... NOUS AVONS BESOIN DE LIEUX PAS DE CORDONS BLEUS...
Acte III
Comme nous sommes nombreux dedans et que nous n’avons toujours pas obtenu de réponse claire, nous nous glissons dans l’une des deux files dans lesquelles les bons citoyens se rangent pour accéder au micro. Nous réitérons notre demande d’engagement public à M. Delanoé. Suite de quoi, le micro que nous utilisons est supprimé tandis que l’autre est savamment gardé par la mairie.
Nous obtiendrons de la part du marie la réponse suivante : voir vidéo
Nous quittons la salle et rejoignons le rassemblement ami.
Nous attendons, forts de cet engagement public de nouvelles propositions concernant notre relogement.
Epilogue
Ps : À M. Bloche : « Non, Monsieur, vous ne nous avez pas accueillis dans la salle Olympe de Gouge en 2003 parce que cette salle nous l’avons prise et occupée, personne ne nous l’a donnée et de plus vous n’étiez pas maire de cet arrondissement en 2003 ! »
Ps : À Mr Delanoé : « Si dans votre terminologie, un gauchiste est quelqu’un qui vous interpelle sur la question du relogement de la CIP et réagit également au fait que :
les logements sociaux dont vous vous gargarisez ne sont pas accessibles au RSAstes,
que jamais vous nous ferez croire que la vidéosurveillance est une protection pour les individus et cela même si vous vous obstinez à l’appeler vidéoprotection,
que chasser les pauvres de la ville n’est aucunement une mesure qui vise à réduire la pauvreté,
Alors on vous répond nous aussi par le mot de Cambronne ! »
En novembre, au Conseil de Paris : Vœu relatif aux locaux de la coordination des intermittents et des précaires (groupe Les Verts)
Séance du Conseil municipal du 24/11/09.
Vœux n° 91 présenté par les Verts. Puis n° 91 bis présenté par l’exécutif (Christophe Girard).
René Dutrey (Verts) demande un moratoire sur l’expulsion. Il loue le travail de la coordination, qui joue presqu’un rôle de service public, selon lui. Dutrey se propose de jouer le rôle de médiateur.
Transcription mot pour mot de la suite :
Girard, maire adjoint à la culture (en réponse à Dutrey) : Vous n’êtes pas sans savoir que lors du CR de mandat du 11ème arrondissement, les propos tenus par la coordination et les précaires étaient d’une violence et d’une grossièreté, je trouve, qui ne sied pas à une collectivité qui les défend, qui les accueille et les loge depuis un certain temps. Et je rends hommage là aussi à Roger Madec, le maire du 19ème, à François Dagneau, qui les ont accueillis tout de suite. Le 11ème l’a fait d’abord, le 19ème l’a fait ensuite. Je pense que la moindre des choses quand on veut continuer à pouvoir être soutenu, c’est de dire juste merci et de le faire juste normalement, respectueusement. Voilà. Nous ne sommes pas une banque. Nous ne sommes pas, nous n’avons pas de dû. Nous ne sommes pas obligés. Nous comprenons la souffrance et la difficulté. Nous sommes dans un combat commun, mais pas en nous faisant engueuler. Donc, à partir du moment où le respect, et où il n’y a ni violence, ni manipulation, ni récupération et que cela se passe dans le respect des uns et des autres, je vous propose donc que le vœux devienne celui que j’ai proposé pour l’exécutif, avec en conclusion la mention « sur proposition de l’exécutif et les élus du groupe les Verts ».
Président de séance : Merci M. Girard. Est-ce que cette proposition vous agrée M. Dutrey ?
Dutrey : Oui, elle m’agrée. Je comprends en creux, M. Girard - je traduis vos propos - qu’il n’y aura pas d’expulsion pour le moment tant qu’on n’aura pas trouvé une solution. Nous sommes bien d’accord ? Parce qu’ils étaient énervés en compte-rendu de mandat, ils étaient énervés parce qu’ils avaient reçu une lettre de la Ville de Paris leur annonçant leur expulsion. C’était la cause principale de leur énervement.
Girard : René Coty... non pas René Coty, René Dutrey (rires). Il n’est pas convenable de ne pas respecter les engagements de construction de logements sociaux. Bien sûr qu’il n’y aura pas d’expulsion. Mais ils doivent être en responsabilité. Quitter les lieux, ne pas retarder les travaux. Et discuter avec nous dans le respect. C’est tout ce que nous demandons. Et la Préfecture de police, d’ailleurs, est plutôt coopérative, donc ne mettons pas les uns contre les autres dans un dossier qui est assez compliqué. Voilà. Pas d’invectives, pas d’insultes, pas de manipulations, mais du respect mutuel et on trouvera des solutions.
Président de séance : Merci M. Girard, Donc je vais mettre aux voix l’amendement n° 91 bis, amendé par la proposition faite à l’instant par l’adjoint compétent. Qui est pour ? Qui est contre ? Qui s’abstient ? Le vœux est adopté.
A écouter ci-dessous, le voeu 91 présenté par les Verts par la voix de René Dutrey, et l’intervention de Christophe Girard faisant suite .. :
( mp3 - 2 pistes - 128 Kbps - 5,07 Mo )
.... Pendant ce temps, la SEMAVIP, société d’économie mixte propriétaire du quai de charente pour le compte de la ville de Paris, assigne la coordination en justice le 9 mars 2010, pour obtenir un jugement d’expulsion assorti de 6000 euros mensuels d’astreinte...
Nous bénéficions d’un report de l’audience du TGI au 11 mai.
Toujours pas de nouvelles de la mairie à qui nous avons demandé que soit attribuée à la Cip une partie de l’immeuble municipal du 63-65 bd de Charonne (11e), sans réponse depuis un an...
Samedi 28 et dimanche 29 novembre, deux jours contre l’expulsion
Contre l’expulsion de la Coordination des Intermittents et Précaires
La coordination des intermittents et précaires, kesaco ?
Fidélité quand tu nous tiens (Compagnie Jolie môme)
Samedi 28 novembre, commençaient deux jours de soutien à la CIP-IDF
Combien Faut-Il De Féministes Pour Soutenir Les Intermittent-E-S Et Les Précaires ?
Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère, éditorial et sommaire de L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009
Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :
Permanence CAP d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, lundi de 15h à 18h. Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org
Permanences précarité, lundi de 15h à 17h30. Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite cip-idf.org
À la CIP, 14 quai de charente, Paris 19e, M° Corentin Cariou, ligne 7, Tel 01 40 34 59 74
La CIP, c’est ce qu’on en fait : appel à soutien financier