La société entreprise, c’est la concurrence, la gabegie et l’austérité
On peut pas, on ne veut pas.
Lundi 13 décembre : journée nationale de grève et de mobilisation
à l’appel de la CGT spectacle, du Syndeac et d’autres organisations, ainsi que de la coordination...
A Paris : Manifestation à 14H30 depuis la Place du Palais Royal pour se rendre à Beaubourg.
Les gouvernements successifs connaissent sans doute une sombre joie à calculer sans cesse au plus juste ce qui nous touche et nous regarde tandis que leurs mandants jouissent de la richesse produite par tous.
En 2003, ils ont tenté de restreindre au minimum les effectifs dont a besoin l’économie culturelle pour fonctionner : Ils ont voulu passer les intermittents au tamis d’une « professionnalisation » qui n’avait aucun sens en soi, mais qui avait à leurs yeux la vertu de réduire le nombre d’ayants droits aux annexes 8 et 10. Les grèves et l’annulation des festivals les ont informés que ces surnuméraires de la Culture faisaient vivre des villes entières, et les cafetiers limonadiers d’Avignon ont été les premiers à aller voir le Ministre de la Culture pour lui demander qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus.
Aujourd’hui, nombre de responsables politiques locaux, régionaux et nationaux estiment que les politiques culturelles leur coûtent trop cher, qu’elles n’ont pas de visibilité immédiate, que finalement elles les dérangent, voire qu’elles risquent de compromettre de prochaines élections. Ils rêvent d’une culture payée au juste prix, le prix plancher, qui donne une visibilité maximale à leur action et fasse l’unanimité parmi leurs électeurs. C’est, en peu de mots, le fond de la « pensée » du Conseil de création artistique de Marin Karmitz, la base idéologique de cette « culture pour chacun » que promeut le ministère de la Culture tout comme c’est l’objectif avoué de la généralisation d’événements spectaculaires dans de nombreuses capitales européennes.
C’est aussi l’orientation de la plupart des « partenaires sociaux » qui seront prochainement invités à signer la nouvelle convention d’assurance-chômage à l’UNEDIC : tendre à disposer d’un nombre minimum d’intermittents « professionnalisés » - comme ils disent - et au plus bas coût pour les employeurs. Ainsi, après avoir entendu ad nauseam qu’il allait falloir se serrer les coudes pour sauver l’économie, on s’apprête à réécouter la rengaine triennale du « déficit » des caisses de solidarité, qu’avaient déjà commencé à entonner cet automne les apologues de la réforme équitable des retraites.
On l’a constaté en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Italie, et ici, l’austérité est partout à l’ordre du jour ; il faut opérer des sacrifices (par exemple, en amputant le corps de l’intermittence de l’organe des techniciens).
Au final, ils tenteront de s’entendre sur un nouvel accord contre les salariés, au champ d’application restreint, ouvrant sur des droits diminués et contrôlés par une bureaucratie aussi absurde et arbitraire que son numéro d’appel le 39 49.
il se trouvera au moins un syndicat pour signer la convention qui vient, intermittence comprise, tout en fanfaronnant sur « la pérennisation des annexes 8 et 10 ».
La réforme des retraites, celle des hôpitaux, des universités, des collectivités territoriales, la RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques) obéissent toutes à cette logique comptable d’une dépense minimum supposée dégager un profit tout en permettant, disent-ils, de rendre un service optimisé.
C’est une raison folle, assénée jour après jour par des médias asservis et perpétuellement démentie par les faits ; c’est surtout une politique hypocrite, car les mêmes qui hurlent au scandale sur le coût des hôpitaux, de la culture, de l’éducation, bref, de ce qui par définition n’a pas de prix, jamais ne remettront en cause les aides aux entreprises, ni les cadeaux fiscaux dont bénéficient tant de hauts revenus.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous.
Aujourd’hui, nous devons y compris nous battre pour que les théâtres et les structures de production, puissent continuer à fonctionner.
Ce n’est pas seulement avec des tribunes signées par tel ou tel directeur de structure en danger, ou par des pétitions de spectateurs que nous inverserons cette politique abjecte enclenchée il y a déjà plusieurs années.
Rassemblons nous donc activement, au delà des vieilles corporations, précaires, intermittents et « permanents » ; par-delà aussi les dichotomies qui scindent les producteurs et créateurs des publics actuels et potentiels.
Nous appelons à la grève et à l’arrêt du travail : nous invitons les syndicats à déposer des préavis au delà de cette journée de mobilisation. Nous invitons les directeurs à organiser des assemblées dans les théâtres et partout où c’est possible. Nous appelons chacun à poursuivre, sous d’autres formes, le mouvement de refus qui s’est enclenché cet automne. Le récent mouvement social, l’a montré, il n’est question que de nuire davantage à l’ordre actuel des choses, de perturber, de ralentir, d’interrompre et de bloquer les lieux et les flux de la valorisation capitaliste. Seul un mouvement d’arrêt de cette société €ntreprise peut permettre d’instaurer un rapport de forces susceptible de mettre en cause la politique d’austérité et de concurrence que l’on cherche par tous les moyens à nous faire accepter.
Au commencement était le refus... Et c’est maintenant.
CIP-IDF - 07/11/2010
http://www.cip-idf.org/
• CDN de Gennevilliers en Grève le 13 Décembre - Mais quand aurons-nous du temps ?
• Le mot « culture » dérive de « colere »
Pour ne pas se laisser faire :
• Intermittence du spectacle, permanence CAP, Conséquences de l’Application du Protocole Unedic : cap cip-idf.org
• Permanence Précarité : permanenceprecarite cip-idf.org
Lundi de 15h à 18h, à la coordination des intermittents et précaires, 14 quai de charente, Paris 19e, M° Corentin Cariou, ligne 7, Tel 01 40 34 59 74
Pour soutenir la coordination des intermittents et précaires, envoyez vos chèques à l’ordre de AIP à la CIP-IdF, 14-16, quai de la Charente 75019 Paris. Sur demande une attestation peut vous être fournie
La coordination des intermittents et précaires est désormais expulsable
Merci de faire connaître la pétition en ligne :
Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde, la coordination doit être relogée
Un florilège des commentaires expédiés dans l’éther du ouaibe parmi les 6500 premiers signataires : Dazibao de nulle part