Voici le tract des habitants des Sorins distribué ce 31 juillet à Montreuil lors de la manifestation contre toutes les expulsions. Les habitants ont été chassés hier de la place de la Fraternité où il s’étaient rassemblés suite à l’expulsion. Hier et aujourd’hui ils ont trouvé refuge à la bourse du travail à Croix de Chavaux. Les personnes placées en centre de rétention ont par la suite toutes été libérées, et les expulsés se sont installés en campement square de la République (M° Robespierre). Cantine de soutien tous les mercredi à partir de 20H.
Chassés de partout, toujours debout
Nous habitions le bâtiment situé au 94 rue des Sorins à Montreuil depuis 2008. Plus de 300 personnes : jeunes travailleurs, familles avec enfants, certains ont des papiers d’autres non. Le lieu était vaste, c’était une ancienne usine, nous l’avions occupée pour ne pas dormir dehors. Menacés d’expulsion depuis mai 2010 nous avons été expulsés le samedi 30 juillet, à 7 heures du matin, par une armada policière composée de 50 fourgons qui a occupé le quartier toute la journée.
Alors que nous avions vécu des années sans eau, une convention avait été passée récemment avec la ville, le fournisseur d’eau et nous, et immédiatement nous avions commencé à équiper le bâtiment de sanitaires, inexistants jusqu’alors. Ces travaux nous les avons payés de notre poche : 5 300 euros pour l’installation des douches et des toilettes, pour l’approvisionnement d’eau dans tout le bâtiment et pour augmenter le nombre de sortie de secours. Des mois auparavant nous avions déjà fait pour 3080 euros de travaux pour mettre l’électricité aux normes et des démarches étaient en cours avec EDF concernant l’arrivée électrique au compteur. À la veille de l’expulsion, le vendredi 29 juillet, nous avions lancé un appel aux responsables de la mairie pour venir voir les travaux que la mairie avait elle-même exigés de nous. Le lendemain, tôt le matin nous avons été expulsés de notre logement.
Lors de l’expulsion, après nous avoir trié entre ceux ayant des papiers et ceux n’en ayant pas, la préfecture, par souci de nous diviser, a proposé des relogements de 15 jours à des familles, que certaines ne pouvaient qu’accepter. Une proposition à laquelle l’assemblée des habitants étaient majoritairement opposée, comme une offense à la forte solidarité qui existe entre nous. Le bras droit du préfet a même osé donner à choisir à l’un de nos délégués entre l’hôtel dans le silence ou le Mali avec fracas. Nous considérons que cette proposition n’était pas un moyen de répondre à cette situation, mais de la faire disparaître dans le mépris. La préfecture a d’ailleurs procédé à 80 interpellations. Au dernière nouvelle il semblerait que 12 habitants aient été placés en centre de rétention. Nous exigeons qu’ils soient libérés immédiatement.
Dans l’après-midi du samedi, les quelques soutiens des habitants de l’usine et des habitants des Sorins ont été pris dans une nasse policière qui a frappé sans raison, les personnes réunies, avec la volonté délibérée de procéder à des interpellations, sans accorder aucune considération au vice-consul du Mali, présent sur les lieux, qui tentait de négocier la libération immédiate du groupe piégé. Environ 80 personnes ont été ainsi emmenées au commissariat du 18ème, et relâchés relativement rapidement.
Nous, les habitants des Sorins, demandons depuis le début une table ronde avec la préfecture et la mairie, qui ne cessent de se renvoyer les responsabilités l’une à l’autre, mais qui sont fondamentalement d’accord pour nous faire disparaître, mais nous ne lâcherons rien, et exigeons toujours des relogements définitifs pour tous les habitants et la régularisation pour toutes et tous. Et vite !
Le collectif des habitants du 94 rue des Sorins
Sur l’expulsion du 94 rue des Sorins
Samedi 30 juillet 2011. 17h20.
Depuis le 22 mai, les 300 habitants d’un bâtiment occupé au 94 rue des Sorins sont menacés d’expulsion. La plupart d’entre eux sont sans-papiers.
Ce matin, 47 cars de CRS investissent le quartier où est situé le squat rue des Sorins. Toutes les rues aux alentours sont quadrillées par la police. Le préfet entouré de centaines de CRS ont expulsé les habitants. Au cours de l’expulsion, la police a fait un tri des personnes qui étaient présentes : ceux qui avaient des papiers montrant qu’ils étaient « en règle » administrativement ont été sorti du lieu, les autres ont été mis dans des cars. La plupart ont été amenés au commissariat de Bobigny. Certains commenceraient à être libérés mais il est possible que certains aillent en centre de rétention.
La mairie et la préfecture se renvoient la balle sur la responsabilité de l’expulsion. Dominique Voynet prétend ne pas avoir été prévenue de l’expulsion. Le préfet, quant à lui, dit que c’est suite à une lettre de la mairie signalant l’insalubrité du lieu qu’elle a expulsé les habitants.
Après l’expulsion, les habitants et des personnes solidaires se sont retrouvés place de la fraternité, près du métro Robespierre. A 17h, la police a encerclé le groupe. Ils ont embarqué les gens avec violence, en les matraquant et les gazant. Certains ont pu sortir de la nasse. Mais, il y aurait actuellement environ 60 personnes embarquées.
Soutenons-les en harcelant la préfecture, la mairie, le commissariat de police pour demander la libération de toutes les personnes arrêtées aujourd’hui.
Soyons nombreux à participer à la manifestation contre toutes les expulsions demain dimanche 31 juillet à Montreuil RDV 11h au début de la rue piétonne m° Croix de Chavaux.
Quelques voisins
Une vidéo sur la manifestation du 31 juillet
Texte diffusé il y de cela quelques semaines par les habitantes et habitants :
Non à l’expulsion du 94 rue des Sorins
Nous habitons le bâtiment situé au 94 rue des Sorins (au croisement avec la rue de la Fraternité) à Montreuil depuis 2008. Nous sommes aujourd’hui plus de 300 personnes à y habiter. Il y a des jeunes travailleurs, des familles avec des enfants, certains ont des papiers, d’autres non. Le lieu est vaste, c’est une ancienne usine, nous l’avons occupé pour ne pas dormir dehors.
Jusqu’à aujourd’hui, nous avons toujours été en contact avec la mairie de Montreuil, notamment pour les questions d’hygiène. Après la visite des services de la mairie, nous avons signé le 26 avril dernier une convention avec la mairie de Montreuil, Veolia et la CNL (Confédération nationale du logement) concernant l’approvisionnement du bâtiment en eau. Nous avons pris en charge la totalité des frais liés à l’arrivée de l’eau et à l’installation des sanitaires dans le bâtiment.
Le 2 mai, soit six jours plus tard, nous avons reçu à notre grande surprise un arrêté préfectoral d’expulsion à partir du 22 mai 2011. Vivre dans ce squat n’est pas notre objectif mais nous nous y sommes investis et nous ne voulons pas en être expulsés, sauf à être relogés dignement et tous ensemble. Nous voulons travailler et être logés dignement, avoir des papiers pour ceux qui sont sans-papiers, et vivre comme tout le monde.
C’est pourquoi nous demandons le soutien du quartier. Nous savons que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. D’autres avant nous, par exemple les ex-habitants du 92 rue Victor-Hugo à Bagnolet (à 200 m de chez nous), se sont déjà fait expulser de leur logement et sont encore en attente d’une solution. Nous voulons lutter tous ensemble face à cette expulsion.
Depuis Samedi 21 mai, nous sommes menacés et intimidés par la police, jour et nuit. Des contrôles, des arrestations et des gardes-à-vue ont lieu tous les jours. Avec la délivrance des obligations de quitter le territoire (APRF), on passe du cap de l’expulsion du foyer à l’expulsion du territoire français.
Or nous voulons :
Ne pas être expulsés ni de notre foyer, ni de France.
Une table-ronde avec la mairie, la préfecture et toutes autres instances qui permettraient de trouver une solution pour le logement et les papiers.
Un relogement pour toutes et tous, collectivement et de façon durable.
Une régularisation pour toutes et tous.
Le collectif des habitants du 94 rue des Sorins, Montreuil
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