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« Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris

Publié, le vendredi 20 janvier 2012 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : mardi 3 juin 2014


Avant même l’élection de 2012, on pouvait s’interroger : comment les choses se passent-elles pour les précaires dans les villes, les régions, les conseils généraux où la gauche [1] gouverne déjà ? Eh bien il est des département où les présidents socialistes revendiquent de supprimer le RSA aux allocataires et le revendiquent [2]. Ça fait 5 ans que le RSA a été instauré et le gouvernement annonce qu’il va le réformer. Pour l’heure, Hollande s’est contenté d’annoncer... une fausse hausse de son montant [3].

RSA : un rapport dénonce « l’absurdité » de son fonctionnement

Deux ans et demi après sa mise en place, le statisticien Bernard Gomel et la sociologue Dominique Méda tirent à boulets rouges [4] sur le Revenu de solidarité active (RSA) dans un rapport du centre d’études de l’emploi (CEE) intitulé « Le RSA, innovation ou réforme technocratique ? », publié en novembre 2011. Le RSA, entre ses effets de seuil dévastateurs, son fonctionnement ultra-bureaucratique, son décalage avec le public concerné, est une « absurdité » qui peut se muer en « instrument de torture morale » [5], selon les auteurs.

L’enquête a été menée dans le département de Paris (ce sont les départements qui sont chargés du versement du RSA [6], tant auprès des agents de Pôle emploi et des structures d’insertion que des allocataires eux-mêmes. « Un des principaux enseignements de notre enquête (...) est que l’accompagnement de la majorité des allocataires par Pôle emploi n’est ni une réalité, ni, sans doute, souhaitable, au moins dans les conditions dans lesquelles Pôle emploi exerce aujourd’hui ses activités » [7], chargent les chercheurs.

Voté le 1er décembre 2008 et entré en vigueur le 1er juin 2009, le RSA remplace le Revenu minimum d’insertion (RMI), à la suite du rapport de Martin Hirsch, alors Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et ancien président d’Emmaüs [8].

Tout en accusant le RMI d’être « une trappe à pauvreté », le diagnostic de la commission Hirsch est à l’époque sans appel : « C’est parce que pour une part de plus en plus importante de la population, les minima sociaux sont devenus des maxima indépassables et que, pour une proportion de plus en plus importante des ménages, le travail ne permet pas de franchir le seuil de pauvreté, qu’il faut transformer nos prestations sociales. [9] »

Oui mais voilà, selon le rapport du CEE, la révolution sociale du RSA annoncée n’a pas eu lieu [10] . Les auteurs du rapport mettent en avant de nombreux dysfonctionnements [11] . Voici les principaux d’entre eux.

Effets de seuil

Les effets de seuil que le RSA était censé éliminer sont toujours une réalité pour les allocataires. L’enquête montre que les allocataires sont incités à travailler mais à très faible dose car « la reprise d’une activité d’un certain volume fait perdre, dans un premier moment, la couverture maladie universelle (CMU) complémentaire, la gratuité des transports et l’allocation de logement complémentaire de la ville de Paris » [12].

Bureaucratie

Le rapport pointe des concordances informatiques entre département et Pôle emploi hasardeuses [13]des délais de prise en compte de changement de dossier très longs et un dédale administratif et bureaucratique obscur qui « rend peu crédible l’idée de simplicité promue lors de sa mise en place ». D’ailleurs, « les deux tiers des foyers éligibles au RSA activité seul ne recourent pas à la prestation »  [14], remarque de son côté le Comité national d’évaluation du RSA dans son rapport du 15 décembre 2011, lacune imputée à « un manque de connaissance précise du dispositif ».

Mauvaise connaissance du public

Dominique Méda et Bernard Gomel estiment que le dispositif d’accompagnement des allocataires du RSA est totalement inadapté. Selon eux, « une partie importante de la population qui survit avec le RSA connaît de grandes difficultés, et des formes variées de détresse qui nécessitent, pour être adoucies, des traitements également diversifiés ». Pis encore, selon les témoignages recueillis, les chercheurs affirment que « tout se passe donc comme un jeu de rôles dans un théâtre où l’on obligerait les allocataires à singer la recherche frénétique d’emploi alors qu’il n’y a pas d’emplois... [15] En l’absence d’emplois, la mécanique des droits et devoirs, même mise en œuvre de la façon la plus humaine possible, peut se transformer en instrument de torture morale... [16]. Le travail principal des travailleurs sociaux consiste à prendre le temps d’écouter des individus au bord de l’implosion », ajoutent-ils.

« La grande partie des allocataires se rend compte que pour elle rien n’a changé et qu’elle doit continuer à tenter de survivre avec 467 euros par mois pour une personne seule » [17], conclut l’étude. En septembre 2011, 1,85 million de foyers percevaient le RSA pour un budget total d’environ 9,8 milliards d’euros. En presque trois ans de fonctionnement, seules 150.000 personnes ont franchi le seuil de pauvreté grâce au RSA, soit 2 % des personnes sous le seuil de pauvreté, selon le rapport du Comité national d’évaluation du RSA.

18 janvier 2012
La rédaction de Mediapart
http://www.mediapart.fr/

Le rapport complet du CEE : Le RSA, innovation ou réforme technocratique, premiers enseignements d’une monographie départementale, Bernard Gommel, Dominique Méda

Au fait, des visites domiciliaires de la CAF, il y en a 300 000 par an, c’est pas dans le journal, mais chez moi, chez vous, chez n’importe qui que ces intrusions inquisitoriales ont lieu. Alors, soyons enfin égoïstes les partageux ! Faisons connaître rapido ce qui suit à tous les allocataires de la CAF de votre connaissance : Face aux contrôles domiciliaires de la CAF, quelques conseils - Les CAFards

CAF Nationale : 8 cars de CRS, 10 policiers en civil (im)mobilisés, 2000 euros de « trop perçu » RMi récupérés

CAF ?... Arrrrgh !!!! Allocation débloquée à la CAF de Rosny



Notes :

[1Retour pour inventaire : Trois critiques des années Mitterrand ; un texte de chômeurs et précaires en 1986 : L’idéologie est la première arme des exploiteurs ; idem en 1998 : À gauche poubelle, précaires rebelles - Cargo, mai 1998

[4Mais... rien ne bouge, non, décidément rien ne bouge, dans cette ville (voir : Dazibao de nulle part) gangrenée par l’argent, où il y a pourtant encore tant de pauvres, et tant de travailleurs précaires,tant de besoins, tant de désirs, tant de frustration, de misère existentielle et matérielle.

[5Voir, pour un exemple de pratique imposée par ce sale jeu de l’insertion : STratégie de Recherche d’emploi (STR), l’usinage sémiotique des chômeurs par Pôle emploi et ses prestataires.

[6Les contrôles CAF, les refus de neutraliser telle ou telle ressource qui entraînent des baisses de revenu, les pressions répétées pour accepter n’importe quelle « prestations de suivi » ou « emploi » (à minima, c’est « ah vous envisagez un emploi aidé, un intérim, c’est bien », que nous disent les inséreurs mandatés par la Ville si on verbalise lors d’une convoc’ le réalisme auquel tout doit nous conduire, si on parait prêt à « sortir du dispositif »), les suspensions c’est-à dire les coupures de RSA sont donc de la responsabilité du président du Conseil Général, en l’occurrence à Paris, du ci-devant Bertrand Delanoé, notre bon maire. RSAstes, notre patron à plusieurs noms, voici deux de ses visages :

[8L’ANSA, agence nouvelles des solidarités actives, passage du génie, 12e, association fondée par Martin Hirsch, instigateur du RSA, avait été occupée par des chômeurs, des intermittents et des précaire en février 2010.

[9Et surtout parce que, idéologie du travail oblige, suite à l’ignoble « Je préfére une société de travail à l’assitance » proclamé par Lionel Jospin, lorsqu’il était premier ministre, en 1998, la doctrine a clairement été définie par N.S, le Vichyssois de Neuilly, sans vergogne aucune, tout bien décomplexé par l’appui déjà fourni entre autre par la gauche de droite sur ce terrain : lors de sa désignation comme candidat à la présidence par l’UMP, il avait osé parodié le IIIe Reich en déclarant : « Le travail, c’est la liberté, le plein emploi est possible ».

[10On sait ce qu’il en est de ce que tout ce que ce beau monde annonce comme « social » : « Refondation sociale » patronale : Le gouvernement par l’individualisation, Maurizio Lazzarato.

[11Qui informera les journalistes ? C’est comme pour Pôle emploi (voir a contrario, Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants), la presse ne voit jamais que des « dysfonctionnements », cela contribue à occulter la logique des opérations à l’oeuvre, de ne pas parler de la fonction qui s’exerce, de la fonctionnalité réelle de ce fonctionnement, voir par exemple : Savants, experts, journalistes, de nouveaux prêtres pour un nouveau troupeau ? Le cas de l’intermittence.

[12Pour ces prestations municipales, pas toujours faciles à obtenir, car souvent faites pour écarter des ayants droits potentiels, voir le règlement des aides sociales de la ville de Paris, et également, pour ce qui des aides financières accessibles à tous Parisien en difficulté (prenons l’argent là où il est !) : À Paris comme ailleurs, arr€t€z vos salad€s, balanc€z l’os€ill€ !.

[13Depuis la réalisation de cette étude, le gouvernement à pris un décret portant création de traitements automatisés de données à caractère personnel relatifs au revenu de solidarité active et à l’allocation aux adultes handicapés entre départements, CAF, Mutualité sociale agricole et Pôle emploi. On va nous suivre de mieux en mieux...

[14Voir ce résumé d’une très officielle étude gouvernementale : Économie du non-recours : 1 650 000 pauvres boudent le RSA.

[15Voir : Le plein emploi est mort, vive le plein emploi précaire ! et sur ce « théâtre » de la recherche d’emploi, de l’insertion, qui, loin en fait d’être du théâtre -bien qu’il faille y jouer, si possible avec brio, diverses comédies sinistres : victimes, compétitifs, réalistes, etc. - s’apparente plutôt à la grammaire de la téléraélité, méditer l’émergence de la figure du candidat , de ce corps et de cette âme façonnée par un (it’s more fun to compete qui distribue heurs et malheurs contemporains, et dont on trouve ici une esquisse : Outragé, Pôle emploi mord la poussière .

[16Cette torture morale effective et efficace s’accompagne de mauvais traitements tout à fait matériels, comme le montre cet exemple (parmi des millions de restrictions imposées) d’une allocataire qui a refusé un travail d’une heure par semaine situé à des kilomètres de chez elle. Sanction : la CAF lui coupe les vivres pendant deux mois : Ghyslaine, 55 ans, feignasse et fraudeuse.

[17467€ le RSA de l’« isolé » ? Ils sont sympas les experts et les journalistes qui prennent la défense des allocataires mais ils restent quand même très très pudiques en décidant de ne pas citer le montant réel du RSA... De fait 95% des allocataires voient leur RSA amputé à la source d’un « forfait logement » de 12% qui réduit celui-ci à 410, 95€ ; un chiffre trop obscène pour être dit sans doute, puisqu’il n’est rigoureusement jamais cité publiquement par les commentateurs autorisés, eux qui ne sont certainement pas à 56€ près, soit 30 baguettes et pas loin de de 25 cafés comptoir par mois, si on choisissait les endroits où l’on consomme strictement en fonction de ses ressources, et encore faudrait-il que les autres frais de la vie quotidienne laissent la possibilité de manger autant de pain -et pourquoi pas de la brioche ?- {} et de fréquenter aussi assidument les cafés...

Quand le RSA donne le la, Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère - L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009....

Comme le disent des camarades belges : Les désirs ne chôment pas .

Ni dette, ni culpabilité, ni honte, s’organiser !

Struggle for life : Pourquoi occuper les Pôles emploi ? MCPL - Rennes

Novembre 2011, le socialisme parisien à l’oeuvre, 14 quai de Charente, opération d’éventrement sans relogement de la coordination intermittente et précaire :



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