Colloque d’information et de débats sur les réformes politiques actuelles en France à destination des étudiants, des enseignants, des chercheurs et des citoyens
Colloque organisé par des enseignants-chercheurs de toutes disciplines des
deux universités du campus de Jussieu (Paris 6 et Paris 7)
Colloque d’information et de débats sur les réformes politiques actuelles en France à destination des étudiants, des enseignants, des chercheurs et des citoyens
JEUDI 30 et VENDREDI 31 octobre 2003 : Philosophie de la réforme
Campus de Jussieu 2, place Jussieu, 75005 Paris, station de métro Jussieu, ligne 7, lignes de bus 67 et 89.
AMPHI 24 : au pied de la tour 24, derrière la tour centrale, vers la gauche
Appel :
France, Automne 2003 : retraites, intermittents du spectacle, archéologie, droit d’asile, droit d’auteur, enseignement, énergie, santé...
Devant le spectre d’un désastre imminent et répété, tout devient permis ! : il n’est plus temps de chercher les causes du mal, seulement d’appliquer une panacée ! : la Réforme, et de la confisquer par l’Expertise.
Ce colloque se propose :
de reprendre un peu du temps volé par la course effrénée aux réformes,
de remettre véritablement en question la possibilité et les formes de la
Réforme,
de porter une critique large non sectorielle
sur les menaces pesant sur l’enseignement, la recherche, le service
public, le spectacle, la santé, la justice, le syndicalisme, le droit
d’auteur, le droit d’asile,
d’analyser les différentes réformes engagées et réfléchir à l’esprit quiles unit et les commande,
de mettre à jour la « !philosophie de la réforme ! ».
PROGRAMME :
Jeudi 30 octobre
9h30-12h30 : Enseignement, Recherche.
Table ronde animée par Françoise Lavocat, Joël Pothier, Jacqueline Nacache
Nicolas Benies, économiste, militant syndical
Christian Biet, professeur Université Paris X
Daniel Dobbels, écrivain, chorégraphe
Guillaume Lecointre, phylogénéticien
Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien et épistémologue, Université de Nice
Marie-Christine Marinval, Paris I, Archéologie environnementale
Frédéric Neyrat, sociologue, Université de Limoges
14h30-17h30 : Culture, Spectacle.
Table ronde animée par Hervé Joubert-Laurencin, Christophe Bident
Jean-Marc Adolphe, revue Mouvement
Robert Cantarella, directeur du Centre Dramatique National de Dijon
Frédéric Fisbach, metteur en scène
Laurent Guilloteau, Agir contre le chômage, Précaires associés de Paris
Sylvain Kassap, musicien clarinettiste
André Markowicz, traducteur, écrivain
Françoise Morvan, écrivain traductrice
Dominique Pifarely, violoniste musicien
Claire Simon,cinéaste
Bruno Tackels, philosophe, dramaturge
François Tanguy, metteur en scène
Jérôme Tisseran, coordination des intermittents et précaires d’Iles de France
En soirée 19h30-21h30 :
Films surprises et documents inédits proposés par Pierre Carles et
l’ association Cinesept
Vendredi 31 octobre
9h30-11h15 : Santé, Environnement
Table ronde animée par Joël Pothier, Pascal David
Sylvain Berda, pédopsychiatre, Seine-Saint-Denis
Jean-Louis Giovannoni, infirmier en psychiatrie, poète
Patrick Pelloux, médecin urgentiste
Jacques Testart, directeur de recherche INSERM (OGM)
11h30-13h00 : Droit des citoyens, droit d’asile
Table ronde animée par Yannick Séité, Joël Pothier, Pascal David
Dominique Noguères, avocate, comité de direction de la LDH, réfugiés
Claire Rodier, GISTI
Gilles Sainati, Syndicat de la Magistrature
Isabelle Saint-Saëns, revue Vacarme
Clément Schouler, magistrat Syndicat de la Magistrature
Silvia Serrano , Comité Tchétchénie
15h00-17h30 : Synthèse : temps, travail, temps de travail.
Table ronde animée par Yannick Séité, Pascal David
Yves Citton, Professeur de littérature à Grenoble !III
Bernard Friot, économiste Université de Nanterre
Michèle Riot-Sarcey, historienne, Professeur à Paris-8
François Soult, auteur d’un livre, EDF, chronique d’un désastre inéluctable
et plusieurs intervenants des demi-journées précédentes
Colloque organisé par des enseignants chercheurs en lettres, biologie, cinéma,
physique du campus de Jussieu (Paris 6 et Paris 7) :
Christophe Bident
Pascal David
Hervé Joubert-Laurencin
Françoise Lavocat
Joël Pothier
Yannick Séité
COLLOQUE « PHILOSOPHIE DE LA REFORME » LA FRENESIE REFORMATRICE
En cette rentrée universitaire 2003, la volonté impatiente de réformer partout se confirme, s’énonce, se manifeste, aboutit : retraites, intermittents, archéologie, droit d’asile, droit d’auteur, enseignement, santé...
Cette fébrilité tous azimuts s’accompagne d’un discours selon lequel chacun
désormais a, aurait admis la nécessité de ces réformes, de la réforme. D’où la
rhétorique du sauvetage : Il faut sauver la sécu !! On a sauvé les intermittents !
Une fois créé le spectre du désastre imminent, tout devient permis : il n’est
plus temps de chercher les causes du mal, seulement d’appliquer une panacée : la Réforme, et de la confisquer par l’Expertise.
Ainsi, au premier coup du troisième millénaire, par un étonnant renversement
de langage, la citrouille s’est muée en carrosse, le conservateur s’est métamorphosé en réformateur, et le réactionnaire en révolutionnaire.
Du côté des plus nombreux (ceux qui tirent le carrosse), et puisque le système doit rester en équilibre, celui qui arrive à survivre de son travail a été
symétriquement réincarné en « privilégié ! ».
Et si ce consensus de la réforme n’existait que dans le discours de ceux qui ont intérêt à la diffusion de son idée ! ? S’il ne s’agissait que d’une idéologie plébiscitant son propre mouvement ? Si la « concertation ! » n’était qu’un mot qui ne renvoie à nulle pratique démocratique authentique ?
Les « !Accords ! » signés par des instances ne représentant qu’une fraction de ceux
sur lesquels s’en feront sentir les effets, et qui pourtant engagent la vie de ceux qu’ils concernent ; réformes souvent imposées par des instances qui n’ont de compte à rendre à personne, sans la moindre consultation de ceux qui devront en connaître les conséquences, voire sans la moindre information délivrée !à ceux qui devront les appliquer.
Le déni de l’existence de toute solution alternative est donc la réalité de cette pratique réformiste et fonde sa philosophie. Il suppose sans le dire que les réformés ne sauraient être les acteurs de leur propre réforme, encore moins les contestataires de son bien-fondé.
La « !philosophie de la réforme ! » postule des sujets ignorants des conditions d’exercice de leur propre profession et de leurs responsabilités de citoyens.
LE TEMPS DE LA REFLEXION
Le colloque de Jussieu se propose de reprendre un peu du temps qui nous est
volé par la course effrénée aux réformes. Au-delà de la connaissance partielle que chacun de nous peut avoir sur son « !secteur ! », le moment est venu de porter une critique plus large sur les menaces qui pèsent sur l’enseignement, la recherche, le service public, le spectacle, la santé, la justice, le syndicalisme, le droit d’auteur, le droit d’asile.
Il nous faut analyser les différentes réformes engagées et réfléchir à l’esprit qui les unit et les commande : il nous faut mettre à jour la « philosophie de la réforme ».
Deux journées de travail en commun regroupant, autour de quatre ensembles
articulés de thèmes ou de questions, des personnes venues d’horizons disciplinaires et professionnels très variés, ont l’ambition d’interroger cette compulsion réformatrice, et de montrer qu’existent d’autres pensées de
la réforme, comme existent aussi parfois de bonnes raisons de s’opposer à la
mise en oeuvre de telle ou telle de ses incarnations.
En arrière-plan, une interrogation, une inquiétude : est-il encore possible aujourd’hui à l’Université d’aborder collectivement des enjeux sociaux et politiques essentiels ! ? Est-il possible de penser ensemble par-delà l’extrême spécialisation de chacun ?
Par ailleurs, l’université peut-elle s’ouvrir à la parole, à l’expertise et à la critique de ceux qui n’en sont pas des usagers, des acteurs ordinaires !?
Le caractère interdisciplinaire du campus de Jussieu se prête à une telle mise
à l’épreuve.