On a demandé l’autorisation de tracter [1].
Ça a été refusé.
C’est dommage, car le monde du cinéma aurait pu apprendre que dans la réalité, six chômeurs sur dix ne sont pas indemnisés.
On a demandé des temps de parole pour informer.
Ça a été refusé.
C’est ballot, les artistes et les techniciens auraient pu s’informer du nombre de semaines qu’ils devront attendre avant de percevoir leurs indemnités Assedic l’année prochaine [2].
On a demandé de pouvoir organiser une Assemblée Générale.
Ça a été refusé.
On est dégoûté : on aurait été trop content de nous coordonner, nous autres précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papier avec nos copains de la télé et du ciné.
On a demandé à informer les réalisateurs par le biais d’une lettre.
Sa diffusion a été refusée.
Sac à papier ! Les cinéastes du monde entier reprendront l’avion sans savoir qu’on détruit les droits sociaux au pays de l’exception culturelle !
On a demandé à informer le public par le biais de petits spots avant film.
Voyez-vous ça, le monsieur, il a pas visonné nos ciné-tract.
Il a eu tort de pas les regarder, ils sont vachement bath.
Et enfin, on a demandé à Thierry Frémaux de soutenir la lutte sociale en cours au nom du festival de Cannes.
Et ça non plus.
Il a pas voulu.
Ça fait dix ans qu’on discute [3], qu’on expertise [4], qu’on propose,
et que la seule réponse, c’est le silence.
Alors la prochaine fois,
on demandera pas.