Jeudi 19 juin, 19h. C’est la crise, M. Valls remplace le pâle tocard Rebs-amen pour revendiquer l’agrément à la tévé et à la radio.
En agréant cette convention Unedic, Monsieur Valls déclare la guerre aux précaires et à l’ensemble de salariés.
Avec la prise de position de Valls, tout devient clair : en imposant le « pacte de responsabilité », ce gouvernement a planifié 2 milliards d’économie sur les maigres droits des chômeurs. Et c’est cette politique que l’accord du 22 mars sur l’Unedic qu’il prétend agréer doit réaliser.
On veut voir dans la mobilisation d’une partie des premiers concernés - les intermittents du spectacle- ce qu’il fallait réduire, empêcher, quitte à user de manoeuvres dilatoires, quand on envoie pas la police contre des manifestants.
Oui, avec des chômeurs, des intérimaires, des postiers, et en fait n’importe qui [1], nous avons commencé à gripper leur mécanique infernale de destruction des droits collectifs, commencé peut-être à mettre en crise leur projet, leur restructuration du social. Ils l’ont dit et répété, et les média nous le répètent chaque jour (sans pour autant aller jusqu’à évoquer les enjeux réels de ce conflit, car on craint encore davantage la contamination du refus parmi l’ensemble des précaires...), ils craignent que l’entreprise France qu’ils dirigent ne soit pas performante pour la saison touriste et donc « culturelle » qui débute.
C’est pour cela que le premier ministre vient aujourd’hui à la rescousse de ceux de la culture et de l’emploi. C’est ce même premier ministre qui oppose à la grève des salariés de la SNCF une fin de non recevoir qui dans ce cas joue au protecteur des arts (et de l’économie).
L’accord du 22 mars est une machine à remettre les salariés dans l’emploi dégradé. Son but est d’obliger les chômeurs à accepter n’importe quel travail, pour n’importe quel salaire, dans n’importe quelle conditions. C’est bien l’ensemble du texte du 22 mars que nous combattons depuis des semaines.
La déclaration de M. Valls est une tentative de dresser les chômeurs les uns contre les autres en faisant miroiter des aménagements pour les seuls seuls intermittents « du spectacle » [2]. Il ne s’agit pourtant avec l’éventuelle prise en charge pour les seuls intermittents d’une compensation au différé que de la dernière de cigarette du condamné. Et cela au mépris le plus absolu de la parole et du sort des intérimaires, des chômeurs, des RSAstes.
Intermittents, intérimaires, précaires de toute espèce et chômeurs en tout genre, en activité à temps réduit ou non, c’est notre vie qui est intriquée dans des dispositifs où on devient RSAste, où on entrera dans l’usine-à-gaz des « droits » rechargeables, qui, en fait sont là sont faits pour fabriquer encore plus de travailleurs pauvres. Oui, il sera encore plus dur d’être indemnisé, et la plupart de chômeurs connaitra de longues périodes sans allocs, à cause de la carence, à cause des « droits »rechargeables [3].
Un écran de fumée pour retarder le train en marche
Le fonds « social » d’état annoncé est fléché. Il doit pallier le manque de revenu du à la carence (différé d’indemnisation), mais exclusivement pour les annexes 8 et 10. Encore ne s’agit-il que d’une annonce pour tenter de désamorcer la mobilisation.
Nous sommes face à l’application du « pacte de responsabilité » qui prévoit 2 milliard d’économie sur l’assurance chômage, ce que l’accord du 22 mars met en oeuvre (à hauteur de 400 millions d’économie dès 2014, le reste à suivre). Il y a donc un accord parfait quand aux objectifs : réaliser des économies sur le dos des précaires et inciter à l’emploi non choisi, dans n’importe quelles conditions, à n’importe quelle salaire, voire gratuitement, en « contrepartie des allocs ». Il s’agit d’aller vers le plein emploi précaire dont l’Allemagne fournit le modèle le plus actuel dans nos contrées [4].
Quand au financement par l’état du différé d’indemnisation, même si c’est une forme d’acquis de la lutte, il n’en est pas moins grotesque. D’abord, l’état semble se moquer de compenser les pertes d’indemnisations des intérimaires, ensuite rien n’assure les intermittent de la pérennité d’un tel rattrapage.
Que cela soit clair pour tous : l’entreprise France fonctionnant à l’emploi précaire, nous n’en voulons pas. Les festivals ne sont qu’une partie des activités économiques que les intermittents, chômeurs, intérimaires se promettent de compromettre. C’est le sens des actions coordonnées qui ont vu hier l’occupation du chantier Bouygues de la philarmonie de Paris [5].
C’est par la mise en péril de l’entreprise France dirigée par les socialistes, le Medef et les partenaires sociaux que nous pourrons inverser le rapport de forces, contraindre les dominants à un minimum de respect. L’argent roi ? Coupons lui la tête ! Sapons partout les bases du profit, de l’exploitation des précaires, de la relégation des chômeurs.
Le gouvernement accélère, écourte le calendrier prévu... pour mieux gagner du temps, tenter de désamorcer ? Pour le moment, la seule piste évoquée est l’agrément et la table ronde réunissant tout le monde. Le 18 juin, au comité de suivi [6], cette éventualité a été balayée par tous. Nous avons parlé de provocation, d’opération communication, qu’une table ronde était acceptable uniquement si l’agrément n’était pas donné.
De toute façon, si la table ronde était nécessaire, pourquoi ne l’ont ils pas imposé AVANT ?
Puisse la colère et la détermination être à la hauteur de cette entreprise de communication.
20h30 suite à la tentative d’entrée à Matignon [7], les CRS nous ont repoussés au début de la rue, et là ils nous ont bloqué. On s’est assis et on a écouté la conférence de presse par téléphone et on l’a diffusé par mégaphone !
A la fin de la conférence de presse, ils nous ont escorté jusqu’au métro.
16h30 occupations de l’amphi Chapsal de Sciences Po,
27 rue Saint Guillaume, Paris 7e, où se déroulait un colloque organisé par la Chaire de sécurisation des parcours professionnels (sic), partenaire de l’Unédic. Au programme, une présentation des travaux des chercheurs de cette Chaire, une table ronde consacrée aux contrats de travail flexibles et à la « sécurisation des parcours professionnels », comme ils disent.
Parmi les participants, Vincent Destival, directeur général de l’Unédic, et Pierre Cavard, directeur des études et analyses de l’Unedic, le DRH de Randstat France (intérim) et des responsables de la CFDT.
La tribune des champions de l’emploi :
Lorsqu’on est arrivé, c’était un bide, pas grand monde.
Après que l’on ait présenté tous les gens de la tribune, acclamée par les manifestants, un dialogue s’amorce.
M. Destival aurait aimé donner son avis sur l’accord du 22 mars, mais l’émotion l’a rendu muet.
Un chercheur joue les médiateurs. Les CRS sont à l’extérieur. Le dialogue est chaotique mais après la fuite de Françoise Bouygard, directrice générale de la DARES, et de Marie-Claire Carrire-Gee, pdte du Conseil d’orientation de l’emploi, nous interpellons les présents sur l’accord Unedic du 22 mars.
Un comique en chemise blanche fait de la provo en sifflotant pendant nos interventions mais il n’est même pas malmené, contrairement à ce qu’il espère. Quand on lui donne la parole il se tait.
L’animateur de leur sauterie, journaliste à Challenges [8], ne peut pas répondre, se déclarant incompétent. Puis dit avoir un avis personnel... qu’il ne souhaite pas communiquer.
Le directeur de l’Unedic déclare ne rien penser rien de la convention étant chargé de l’appliquer [9].
Le DRH de Randstat France (intérim), la précarité j’en fait mes affaires
11h 30 Montparnasse, manif interprofessionnelle et unitaire de solidarité avec les luttes (cheminots, intermittents, ... ) à l’appel de l’Union Régionale IDF CGT, URIF FO (oh, ça alors... cherchez l’erreur : Farce Ouvrière (FO), un bêtisier ) et Solidaires.
La manifestation, qui comptait bon nombre d’intermittents et précaires en tout genre, s’est transformée en manif sauvage, déjouant la police pour aboutir au pied de la tour Effeil [10]. ou une assemblée générale a eu lieu.
De 14h à 17h. On décortique ensemble ce à quoi nous sommes confrontés. La commission Questions qu’on (n’ose pas poser en AG) se réunit. On a commencé à répondre à la question qu’on « Mais c’est quoi, les autres annexes ? » On les a juste listées pour l’instant. Ce travail est à continuer. Depuis quelques séances on essaie de répondre à la question qu’on « Mais c’est quoi, l’Unédic ? ». Pour ce faire on a pris les statuts de l’Unédic, qu’on a lus de A à Z. (Ah oui, l’Unédic est une association loi 1901, d’où les statuts.) On a continué sur l’Unédic avec « Mais c’est quoi, la représentativité patronale ? » On est actuellement dans « Mais c’est quoi, la titrisation ? Et d’ailleurs que fabrique l’Unédic sur les marchés financiers ?
Nancy la Direction Régionale de Pôle Emploi est occupée depuis le matin de ce 19 juin, à l’appel du CIPCL, rejoint par les étudiants de l’IRTS (Institut régional de travail social) Lorraine [11].
Les intermittents et autres précaires et chômeurs ont ensuite manifesté avec les cheminots en grève.
Orléans Ce matin, perturbation à une quarantaine de la séance plénière du conseil régional. Puis AG à la Drac Centre
Valence Des intermittents et précaires ont occupé l’agence Pôle Emploi dans le quartier Briffaut. Les salariés de la Comédie de Valence en grève les y ont rejoints.
Rennes La DRAC Bretagne était occupée depuis lundi, les occupants ont été expulsés ce matin à 9h30.
Rdv est donné au Pôle emploi Bd Henri 1er à 10h30 pour le banquet de grêve, soyons nombreux, ne lâchons rien !
Brest Occupation et banquet petit dej’ à Pôle emploi. Il y’a encore des « services publics » qui fonctionnent : la police et la gendarmerie sont là.
26 grévistes parmi les agents Pôle, échanges sur la convention qui vient, à suivre...
Lyon Une action « die-in » se déroule à Gratte-Ciel
Toulouse rv à 12h30 place du Capitole pour auberge espagnole et départ en manif à 14h
Montpellier 10h matinée et BBQ à la Direction régionale Pôle Emploi
600, route de Vauguières. Plan tram Ligne 1 arrêt Millénaire, contourner le bâtiment
Millau Méchoui à l’appel du CIA (Collectif des Intermittents de l’Aveyron) chez Pôle Emploi - beaucoup de monde.
Pôle Emploi prétend être fermé pour cause de « déploiement informatique ».
Le personnel s’est enfermé, refusant de communiquer avec nous mais ils ont eu exceptionnellement le droit de fumer à l’intérieur (la classe !) - discussions, distributions de tracts sur le décryptage du texte de l’unedic, très très bons échanges. Prises de parole avec :
Personnel hospitalier en grève, les cheminots en grève, la Confédération Paysanne (que l’on remercie pour la brebis), le NPA, le PC, Sud Solidaires, la CGT (que l’on remercie pour leur don aux grévistes) et du public.
Reims Intervention dans la cathédrale de Reims pour l’ouverture du Festival des Flâneries. Requiem de Verdi retardé. On demande à ce que les élus locaux prennent pour position contre l’agrément. Discussion avec le Sous-Préfet. RV pris pour le lendemain. Le concert commence avec une heure de retard.
Thionville Plateaux Lorrains en grève. Les compagnies Astrov, Les Bestioles, Osmosis et Les Patries imaginaires en grève. Equipe permanente et intermittente du Centre Dramatique National - NEST de Thionville en grève à l’unanimité. Toutes les représentations sont annulées, le théâtre fermé.
Nantes Intermittents et précaires, accompagnés de cheminots, ont manifesté depuis l’île de Nantes en grimpant dans l’Éléphant.
Festivals Le Printemps des Comédiens, le Festival de Marseille, les Plateaux Lorrains, étaient en grève ce jour.
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