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A Sciences Po et Matignon, en manif’ et dans les Direccte, les Pôle, les DRAC, une cathédrale, la rue, les plateaux et partout, leur projet de convention anti-chômeurs leur coûtera cher !

Publié, le vendredi 20 juin 2014 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : dimanche 22 juin 2014


Jeudi 19 juin, 19h. C’est la crise, M. Valls remplace le pâle tocard Rebs-amen pour revendiquer l’agrément à la tévé et à la radio.

En agréant cette convention Unedic, Monsieur Valls déclare la guerre aux précaires et à l’ensemble de salariés.

Avec la prise de position de Valls, tout devient clair : en imposant le « pacte de responsabilité », ce gouvernement a planifié 2 milliards d’économie sur les maigres droits des chômeurs. Et c’est cette politique que l’accord du 22 mars sur l’Unedic qu’il prétend agréer doit réaliser.

On veut voir dans la mobilisation d’une partie des premiers concernés - les intermittents du spectacle- ce qu’il fallait réduire, empêcher, quitte à user de manoeuvres dilatoires, quand on envoie pas la police contre des manifestants.

Oui, avec des chômeurs, des intérimaires, des postiers, et en fait n’importe qui [1], nous avons commencé à gripper leur mécanique infernale de destruction des droits collectifs, commencé peut-être à mettre en crise leur projet, leur restructuration du social. Ils l’ont dit et répété, et les média nous le répètent chaque jour (sans pour autant aller jusqu’à évoquer les enjeux réels de ce conflit, car on craint encore davantage la contamination du refus parmi l’ensemble des précaires...), ils craignent que l’entreprise France qu’ils dirigent ne soit pas performante pour la saison touriste et donc « culturelle » qui débute.
C’est pour cela que le premier ministre vient aujourd’hui à la rescousse de ceux de la culture et de l’emploi. C’est ce même premier ministre qui oppose à la grève des salariés de la SNCF une fin de non recevoir qui dans ce cas joue au protecteur des arts (et de l’économie).

L’accord du 22 mars est une machine à remettre les salariés dans l’emploi dégradé. Son but est d’obliger les chômeurs à accepter n’importe quel travail, pour n’importe quel salaire, dans n’importe quelle conditions. C’est bien l’ensemble du texte du 22 mars que nous combattons depuis des semaines.

La déclaration de M. Valls est une tentative de dresser les chômeurs les uns contre les autres en faisant miroiter des aménagements pour les seuls seuls intermittents « du spectacle » [2]. Il ne s’agit pourtant avec l’éventuelle prise en charge pour les seuls intermittents d’une compensation au différé que de la dernière de cigarette du condamné. Et cela au mépris le plus absolu de la parole et du sort des intérimaires, des chômeurs, des RSAstes.

Intermittents, intérimaires, précaires de toute espèce et chômeurs en tout genre, en activité à temps réduit ou non, c’est notre vie qui est intriquée dans des dispositifs où on devient RSAste, où on entrera dans l’usine-à-gaz des « droits » rechargeables, qui, en fait sont là sont faits pour fabriquer encore plus de travailleurs pauvres. Oui, il sera encore plus dur d’être indemnisé, et la plupart de chômeurs connaitra de longues périodes sans allocs, à cause de la carence, à cause des « droits »rechargeables [3].

Un écran de fumée pour retarder le train en marche

Le fonds « social » d’état annoncé est fléché. Il doit pallier le manque de revenu du à la carence (différé d’indemnisation), mais exclusivement pour les annexes 8 et 10. Encore ne s’agit-il que d’une annonce pour tenter de désamorcer la mobilisation.
Nous sommes face à l’application du « pacte de responsabilité » qui prévoit 2 milliard d’économie sur l’assurance chômage, ce que l’accord du 22 mars met en oeuvre (à hauteur de 400 millions d’économie dès 2014, le reste à suivre). Il y a donc un accord parfait quand aux objectifs : réaliser des économies sur le dos des précaires et inciter à l’emploi non choisi, dans n’importe quelles conditions, à n’importe quelle salaire, voire gratuitement, en « contrepartie des allocs ». Il s’agit d’aller vers le plein emploi précaire dont l’Allemagne fournit le modèle le plus actuel dans nos contrées [4].

Quand au financement par l’état du différé d’indemnisation, même si c’est une forme d’acquis de la lutte, il n’en est pas moins grotesque. D’abord, l’état semble se moquer de compenser les pertes d’indemnisations des intérimaires, ensuite rien n’assure les intermittent de la pérennité d’un tel rattrapage.

Que cela soit clair pour tous : l’entreprise France fonctionnant à l’emploi précaire, nous n’en voulons pas. Les festivals ne sont qu’une partie des activités économiques que les intermittents, chômeurs, intérimaires se promettent de compromettre. C’est le sens des actions coordonnées qui ont vu hier l’occupation du chantier Bouygues de la philarmonie de Paris [5].

C’est par la mise en péril de l’entreprise France dirigée par les socialistes, le Medef et les partenaires sociaux que nous pourrons inverser le rapport de forces, contraindre les dominants à un minimum de respect. L’argent roi ? Coupons lui la tête ! Sapons partout les bases du profit, de l’exploitation des précaires, de la relégation des chômeurs.

Le gouvernement accélère, écourte le calendrier prévu... pour mieux gagner du temps, tenter de désamorcer ? Pour le moment, la seule piste évoquée est l’agrément et la table ronde réunissant tout le monde. Le 18 juin, au comité de suivi [6], cette éventualité a été balayée par tous. Nous avons parlé de provocation, d’opération communication, qu’une table ronde était acceptable uniquement si l’agrément n’était pas donné.
De toute façon, si la table ronde était nécessaire, pourquoi ne l’ont ils pas imposé AVANT ?
Puisse la colère et la détermination être à la hauteur de cette entreprise de communication.

20h30 suite à la tentative d’entrée à Matignon [7], les CRS nous ont repoussés au début de la rue, et là ils nous ont bloqué. On s’est assis et on a écouté la conférence de presse par téléphone et on l’a diffusé par mégaphone !
A la fin de la conférence de presse, ils nous ont escorté jusqu’au métro.

16h30 occupations de l’amphi Chapsal de Sciences Po,
27 rue Saint Guillaume, Paris 7e, où se déroulait un colloque organisé par la Chaire de sécurisation des parcours professionnels (sic), partenaire de l’Unédic.
Au programme, une présentation des travaux des chercheurs de cette Chaire, une table ronde consacrée aux contrats de travail flexibles et à la « sécurisation des parcours professionnels », comme ils disent.
Parmi les participants, Vincent Destival, directeur général de l’Unédic, et Pierre Cavard, directeur des études et analyses de l’Unedic, le DRH de Randstat France (intérim) et des responsables de la CFDT.

La tribune des champions de l’emploi :

Lorsqu’on est arrivé, c’était un bide, pas grand monde.

Après que l’on ait présenté tous les gens de la tribune, acclamée par les manifestants, un dialogue s’amorce.

M. Destival aurait aimé donner son avis sur l’accord du 22 mars, mais l’émotion l’a rendu muet.

Affameur et serial radieur :

Un chercheur joue les médiateurs. Les CRS sont à l’extérieur. Le dialogue est chaotique mais après la fuite de Françoise Bouygard, directrice générale de la DARES, et de Marie-Claire Carrire-Gee, pdte du Conseil d’orientation de l’emploi, nous interpellons les présents sur l’accord Unedic du 22 mars.
Un comique en chemise blanche fait de la provo en sifflotant pendant nos interventions mais il n’est même pas malmené, contrairement à ce qu’il espère. Quand on lui donne la parole il se tait.
L’animateur de leur sauterie, journaliste à Challenges [8], ne peut pas répondre, se déclarant incompétent. Puis dit avoir un avis personnel... qu’il ne souhaite pas communiquer.

Le directeur de l’Unedic déclare ne rien penser rien de la convention étant chargé de l’appliquer [9].

Le DRH de Randstat France (intérim), la précarité j’en fait mes affaires

11h 30 Montparnasse, manif interprofessionnelle et unitaire de solidarité avec les luttes (cheminots, intermittents, ... ) à l’appel de l’Union Régionale IDF CGT, URIF FO (oh, ça alors... cherchez l’erreur : Farce Ouvrière (FO), un bêtisier ) et Solidaires.

La manifestation, qui comptait bon nombre d’intermittents et précaires en tout genre, s’est transformée en manif sauvage, déjouant la police pour aboutir au pied de la tour Effeil [10]. ou une assemblée générale a eu lieu.

De 14h à 17h. On décortique ensemble ce à quoi nous sommes confrontés. La commission Questions qu’on (n’ose pas poser en AG) se réunit. On a commencé à répondre à la question qu’on « Mais c’est quoi, les autres annexes ? » On les a juste listées pour l’instant. Ce travail est à continuer. Depuis quelques séances on essaie de répondre à la question qu’on « Mais c’est quoi, l’Unédic ? ». Pour ce faire on a pris les statuts de l’Unédic, qu’on a lus de A à Z. (Ah oui, l’Unédic est une association loi 1901, d’où les statuts.) On a continué sur l’Unédic avec « Mais c’est quoi, la représentativité patronale ? » On est actuellement dans « Mais c’est quoi, la titrisation ? Et d’ailleurs que fabrique l’Unédic sur les marchés financiers ?

Nancy la Direction Régionale de Pôle Emploi est occupée depuis le matin de ce 19 juin, à l’appel du CIPCL, rejoint par les étudiants de l’IRTS (Institut régional de travail social) Lorraine [11].
Les intermittents et autres précaires et chômeurs ont ensuite manifesté avec les cheminots en grève.

Orléans Ce matin, perturbation à une quarantaine de la séance plénière du conseil régional. Puis AG à la Drac Centre

Valence Des intermittents et précaires ont occupé l’agence Pôle Emploi dans le quartier Briffaut. Les salariés de la Comédie de Valence en grève les y ont rejoints.

Rennes La DRAC Bretagne était occupée depuis lundi, les occupants ont été expulsés ce matin à 9h30.

Rdv est donné au Pôle emploi Bd Henri 1er à 10h30 pour le banquet de grêve, soyons nombreux, ne lâchons rien !

Brest Occupation et banquet petit dej’ à Pôle emploi. Il y’a encore des « services publics » qui fonctionnent : la police et la gendarmerie sont là.
26 grévistes parmi les agents Pôle, échanges sur la convention qui vient, à suivre...

Lyon Une action « die-in » se déroule à Gratte-Ciel

Toulouse rv à 12h30 place du Capitole pour auberge espagnole et départ en manif à 14h

Montpellier 10h matinée et BBQ à la Direction régionale Pôle Emploi
600, route de Vauguières. Plan tram Ligne 1 arrêt Millénaire, contourner le bâtiment

Millau Méchoui à l’appel du CIA (Collectif des Intermittents de l’Aveyron) chez Pôle Emploi - beaucoup de monde.
Pôle Emploi prétend être fermé pour cause de « déploiement informatique ».
Le personnel s’est enfermé, refusant de communiquer avec nous mais ils ont eu exceptionnellement le droit de fumer à l’intérieur (la classe !) - discussions, distributions de tracts sur le décryptage du texte de l’unedic, très très bons échanges. Prises de parole avec :
Personnel hospitalier en grève, les cheminots en grève, la Confédération Paysanne (que l’on remercie pour la brebis), le NPA, le PC, Sud Solidaires, la CGT (que l’on remercie pour leur don aux grévistes) et du public.

Reims Intervention dans la cathédrale de Reims pour l’ouverture du Festival des Flâneries. Requiem de Verdi retardé. On demande à ce que les élus locaux prennent pour position contre l’agrément. Discussion avec le Sous-Préfet. RV pris pour le lendemain. Le concert commence avec une heure de retard.

Thionville Plateaux Lorrains en grève. Les compagnies Astrov, Les Bestioles, Osmosis et Les Patries imaginaires en grève. Equipe permanente et intermittente du Centre Dramatique National - NEST de Thionville en grève à l’unanimité. Toutes les représentations sont annulées, le théâtre fermé.

Nantes Intermittents et précaires, accompagnés de cheminots, ont manifesté depuis l’île de Nantes en grimpant dans l’Éléphant.

Festivals Le Printemps des Comédiens, le Festival de Marseille, les Plateaux Lorrains, étaient en grève ce jour.

Suivez le fil des grèves



Notes :

[1Il est dans la logique du pouvoir d’assigner chacun à ce qui lui est attribué comme place. Cette logique détermine ainsi un certain partage du sensible, c’est-à-dire une répartition de ce qui revient à chacun en fonction de sa place. Le partage du sensible, c’est donc tout d’abord un repérage des identités (lesquelles passent avant tout par les catégories socio-professionnelles, telles que « intermittents » ou même « artistes »), une distribution des visibilités et des modes de parole en fonction des lieux dans lesquels tel ou tel comportement, telle ou telle prise de parole est autorisée (théâtre, café, lieu de débat, etc.).

La politique commence lorsque le partage du sensible est mis en question, c’est-à-dire lorsqu’il devient comme tel à la fois le terrain et l’enjeu de la lutte. Autrement dit, une lutte devient politique lorsque des individus et des groupes ne revendiquent plus leur place et leur identité. Lorsqu’ils assument de devenir indiscernables, et par là même, tendanciellement ingérables, là où le pouvoir se caractérise toujours plus par un souci de gestion, de faire de toute activité, invention ou forme de vie un objet de gestion.

[2Ce que les dominants se doivent d’occulter c’est ce qu’ils mettent en oeuvre, la précarisation générale : Nous sommes tous des inter-mutants du spectacle ! - 1996. Si nous sommes déjà précaires, si « la vie, l’amour le travail » le sont, pour quelle raison, au nom de quoi et pour le compte de qui la société devrait-elle s’organiser pour aggraver cette donnée de base ? Oui, nous allons tous mourir, est-ce une raison suffisante pour empêcher tant de nous de vivre ? A qui profite l’insécurité sociale, la précarisation des précaires ?

[5Oui, il est possible en maint endroits de bloquer l’économie, voir Blocage du chantier de la Philharmonie de Paris et actions/occupations dans 14 villes, oui il est possible, et de diverses manières, d’exercer une critique en actes de ce qui nous corrompt et nous détruit, voir, par exemple, Pôle emploi fermés, Besançon montre le chemin ?

[7Un bobino tévé sur les déclarations de Valls, avec des images de l’action collective qui a eu lieu hier à Matignon.

[10Un compte rendu sur cette manie’ sur Paris Luttes info

Rien n’est réglé, tout commenceNous sommes plus que jamais en lutte.

Nous appelons les chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires et tous les salariés à rejoindre les collectifs et coordinations existants et à en créer de nouveaux. Une coordination nationale aura lieu les 2 et 3 juillet prochain à Avignon

Les coordinations et collectifs d’intermittentes, précaires et chômeuses



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