« Verser systématiquement le reliquat de droits plutôt que l’allocation la plus élevée se traduit, dans un premier temps, par une baisse de l’allocation pour environ 500 000 demandeurs d’emploi »
Mardi 3 mars 2015, les partenaires « sociaux » se réunissent au Medef, probablement pour modifier à la marge le maigre régime d’assurance chômage. Cela répond à un aveu partiel, l’Unedic a été forcée d’admettre que la convention actuelle, en application depuis le 1er octobre 2014, comporte des « dysfonctionnements »...
Des « dysfonctionnements » ? Non ! C’est tout ce système destiné à précariser qu’il faudrait revoir : cette assurance chômage est pensée pour l’emploi permanent aux interruptions exceptionnelles alors que depuis des décennies nous connaissons le chômage de masse [1] et qu’aujourd’hui plus de 80% des embauches se font en CDD, dont la durée moyenne est inférieure à un mois !
Leur indemnisation est basée sur une logique non mutualiste, anti-collective, individualisante : la capitalisation.
Voilà comment plus de la moitié des inscrits à Pôle emploi n’ont pas d’allocation...
Leur prétendu dialogue social méprise les premiers concernés... Ce n’est plus possible !
Les termes qu’ils emploient, les modes de calcul par lesquels ils décident de nos vies servent un objectif précis : réduire les droits de tous pour faire accepter n’importe quel emploi à n’importe quelles conditions, mieux contrôler une population vouée à vivre dans le dénuement et la peur du dénuement. Telle est la gestion du chômage mise en place par des Etats européens pour lesquels l’Allemagne et son taux de pauvreté record fait figure de modèle.
Pour les personnes ouvrant des droits au chômage, l’obligation d’aller jusqu’à l’épuisement des droits antérieurs afin de « profiter » des droits rechargeables est une calamité. Ces précaires sont forcés de traîner pendant des mois, voire des années, une allocation qui ne leur permet pas de vivre - certains sont ainsi maintenus sous le seuil de pauvreté, alors qu’ils pourraient avoir droit à une allocation plus haute si un recalcul intervenait. Certains se retrouvent ainsi avec une indemnisation inférieure au RSA, soit 448,18 euros mensuel pour l’allocataire isolé.
De plus, pour les chômeurs faiblement indemnisés et retravaillant avec un salaire guère supérieur, le calcul actuel qui règle la reprise d’activité rend quasiment impossible un cumul salaire/allocation puisque celui-ci ne peut dépasser le salaire mensuel de référence qui a servi au calcul de l’ouverture des droits initiale [2].
L’équation est simple :
Plus les droits ouverts sont basés sur un salaire élevé, plus on peut cumuler salaire et alloc’.
Plus faible est le salaire avec lequel on ouvre des droits, plus l’allocation sera faible. Quitte à passer des mois sans jamais pouvoir toucher d’indemnité, et prolonger ainsi indéfiniment des droits de misère, enfermé au long cours et à pas cher dans les « droits rechargeables » qu’il faut épuiser jusqu’au bout [3].
Cette règle absurde interdit la possibilité de demander un recalcul après des périodes d’emploi, et donc de revoir le taux de l’allocation et la durée d’indemnisation à la hausse. Elle avait été imposée en 2003 aux intermittents du spectacle, puis rapidement supprimée au vu de ses conséquences catastrophiques. Comment une mesure considérée, à juste titre, comme néfaste pour les intermittents du spectacle a-t-elle pu être mise en place pour tous les autres chômeurs à activité réduite ?
Au nom de la nécessaire égalité entre les chômeurs, précaires et chômeuses, nous exigeons :
• le droit de choisir la date de sa demande d’allocation, qu’on soit en cours d’indemnisation ou non
• le recalcul rétroactif pour toutes les personnes qui ont été victimes de ces nouvelles règles
Nous refusons que les partenaires « sociaux », le gouvernement et leur logiciel décident automatiquement et à notre place de nos conditions de vie ! C’est la moindre des choses !
Il ne s’agit pas de se borner à poser des rustines sur un paquebot qui coule.
Exigeons ensemble :
• une indemnité journalière au minimum au SMIC/jour pour en finir avec l’absence de droit et les droits de misère
• à jour chômé, un jour indemnisé
• un service public d’accueil, d’accompagnement et d’information sur les droits en lieu et place de la zone d’opacité, de non-droit et de contrôle des chômeurs qu’est devenu Pôle Emploi
• l’indemnisation suite aux congés maternité et/ou maladie sans baisse de revenu pour l’ensemble des salariés en emploi discontinu et au chômage
• l’indemnisation de toutes les pratiques d’emploi discontinu dans le cadre d’une annexe unique comme le prévoient les propositions élaborées par les coordinations d’intermittents et précaires
• la refonte de l’UNEDIC pour un fonctionnement démocratique, avec un réel pouvoir de décision et de contrôle des premiers concernés
Voici une adresse mail destinée à collecter vos réponses au questionnaire Action collective contre les droits rechargeables et autres préjudices consécutuifs à à la mise en place de la convention d’astrance-chômage 2014 : catadroitsrechargeablesetc[at]jurikic.com
Ces réponses [4] seront ensuite transmises aux Médiateurs Régionaux de Pôle emploi, au Médiateur National et au Défenseur des Droits.
L’Unedic a été obligée de reconnaître une erreur, continuons nos actions pour aller plus loin !
Rendez-vous le mercredi 18 mars pour une action collective
Il est urgent de lutter contre cette convention et la politique européenne d’« activation » des chômeurs.
Venez nombreux et avec baskets
Heure et lieu communiqués bientôt sur www.cip-idf.org
Pour ne pas se laisser faire, partager infos, expériences et conseils, dresser ensemble l’état des lieux et agir collectivement, envoyez vos récits de cas, doléances, questions aux permanences de la Cip-idf :
Précarité : permanenceprecarite cip-idf.org
Intermittence spectacle : cap cip-idf.org
Permanences les lundi de 15h à 18h, au Café de la Commune Libre d’Aligre 3 rue d’Aligre - Paris 12e - Tél : 01 40 34 59 74
- Tract modifiable, distribuable partout, mars 2015 : Chômeurs, intermittents, précaires, contre une assurance chômage qui nous nie, solidarité !