L’importance des luttes du « secteur du nettoyage » est indéniable. Y règnent travail sous payé, sous-traitance, exploitation des femmes et des travailleurs immigrés, horaires tue-la-vie, charge de travail exponentielle, mais aussi capacité de nuisance des grévistes : que l’on pense aux grèves d’éboueurs, à la difficulté d’entreprises « propres sur elles » de fonctionner en cas de non nettoiement ou aux luttes des nettoyeurs du métro ces dernières décennies, aux grévistes du ministère grec des finances qui ont longuement campé devant leur employeur à Athènes et ont contribué à cristalliser l’opposition aux mémorandums de la troïka et de ceux qui les appliquent.
A Radio France [1], c’est par un mouvement des agents d’entretien qu’a débuté la grève en mars dernier, s’opposant à la volonté de la direction de privatiser et sous-traiter le travail de nettoyage.
A la BNF [2], les personnels d’entretien, employés par une société sous-traitante, sont en grève depuis le 9 avril, protestant notamment contre un ratio salaire/nombre de m2 à nettoyer en chute libre, conséquence directe d’une politique d’austérité qui, quand elle n’empêche pas de chômer payé (non indemnisation, « activation » des chômeurs, droits rechargeables), contraint à travailler plus.
Au Ministère des Finances, employés par une société privée dans des conditions de travail dégradées, sous contrats précaires de parfois de 2 ou 3h par jour, les agents d’entretien sont en grève depuis le 11 mars.
Ces grèves peuvent tenir dans la durée et prendre de l’ampleur lorsque les salariés de l’entreprise donneuse d’ordres se solidarisent avec les grévistes, pour imposer que les revendications soient satisfaites.
Ce qu’elles soulignent, c’est le rôle des institutions publiques dans la précarisation : contrats courts, stages, sous-traitance, tous les moyens sont bons pour que « le public » prenne toute sa part dans la fabrication de la société de concurrence.
Centres des finances publiques parisiens
Rassemblement de soutien aux grévistes du nettoyage
Communiqué CGT Finances Publiques
Paris, le 13 avril 2015
Les salarié(e)s qui nettoient les centres des finances publiques parisiens sont en grève depuis le 11 mars 2015.
Ils réclament à leur employeur, la société TFN Propreté groupe Atalian, des contrats de travail de 16H minimum par semaine, une prime pour nettoyer leur vêtement de travail, l’embauche en cdi de 2 cdd, un 13ème mois, la suppression de la clause de mobilité, une progression dans la grille des salaires, l’accès à la formation professionnelle, deux tenues de travail par an, le remboursement du pass navigo à 50%, ...
Après quatre semaines de mesures dilatoires, d’intimidation des salariés et de recours à des personnes inconnues - probablement en infraction au Code du Travail - pour remplacer les grévistes, la direction de TFN Propreté a entamé des négociations le jeudi 9 avril 2015. Jusqu’à présent, ses propositions sont très en dessous des revendications des grévistes. La prochaine réunion de négociation est fixée au mercredi 15 avril.
TFN Propreté est une entité du groupe multiservices ATALIAN, qui compte 65 000 salariés dans le monde (45 000 en 2012), et fait un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros. Elle est titulaire du marché de nettoyage des Finances Publiques dans le cadre d’un accord-cadre régional de prestations de nettoyage des locaux, passés par le Service des Achats de l’Etat avec TFN Propreté pour le compte de plusieurs administrations des ministères de l’Etat dans le département de Paris (Finances, Intérieur, Développement Durable, Premier Ministre, Jeunesse et Sport).
TFN Propreté est un concurrent direct d’ONET sur les marchés publics et applique les mêmes méthodes d’intensification du travail que celles dénoncées par les grévistes du nettoyage à la BNF. Les grévistes de TFN Propreté nettoient en moyenne 1400 m2 en trois heures, au détriment de leur santé. L’une d’elle a 2h30 pour nettoyer 33 sanitaires.
Les grévistes de TFN Propreté poursuivent leur mouvement de grève et appellent à venir les soutenir.