Ce 16 février, l’audience était surchargée en raison du grand nombre de détenus qui comparaissaient, le procès a été reporté au mardi 8 novembre.
L’hôtel Lutétia a été occupé le 18 septembre 2014, date de la reprise des tables de concertation organisées par la mission Valls. Suite à cette occupation, une personne a été inculpée pour « violence en réunion » [1] et passe en procès le 16 février prochain [ndlr : procès reporté le 8 novembre 2016]
Rappelons le contexte. En juin 2014, le gouvernement agrée une nouvelle convention Unedic, qui met encore plus à mal les droits des chômeurs et des précaires avec, en particulier, la suppression de l’annexe 4 concernant les intérimaires et la mise en place des droits rechargeables et d’un lourd différé d’indemnisation. Devant la perspective d’un été aux festivals encore une fois annulés, l’Etat décide de prendre à sa charge financière le différé et organise une série de réunions qui ciblent uniquement le cas des annexes 8 et 10, celles des intermittents du spectacle [2]. Les participants aux tables auront beaucoup de mal à élargir le débat aux droits sociaux destinés à l’ensemble des chômeurs (le rapport issu des tables se cantonne strictement aux annexes 8 et 10 [3]) et Valls aura beau jeu de communiquer sur sa capacité à avoir pu enfin régler le problème des intermittents, entérinant ainsi dans les esprits une séparation radicale entre le traitement de ces chômeurs qui seraient privilégiés... et les autres [4]. Vive la vieille technique du séparer pour mieux régner !
L’occupation du Lutétia, palace alors en chantier, a été un blocage économique, touchant le monde du travail discontinu [5] (un grand nombre d’intérimaires y travaillaient et tous les ouvriers sont rentrés chez eux ce jour-là). Nous avons ainsi voulu manifester notre opposition à cette nouvelle convention Unedic et rappeler aux participants aux tables que ce qui nous importe, c’est la construction de droits pour l’ensemble des chômeurs et précaires.
Depuis, face aux conséquences catastrophiques de l’application des nouvelles règles d’indemnisation et à la mobilisation d’associations et de mouvements de chômeurs et précaires, un aménagement boiteux et difficile d’accès a été concédé avec le droit d’option, pour un recalcul anticipé plus avantageux [6]. D’autre part, en octobre 2015, une victoire juridique devant le Conseil d’Etat, pointant des pratiques illégales de Pole Emploi [7] concernant les indus, les trop perçus ou la captation des indemnités prud’hommales, a permis de déclarer cette convention illégale et d’annuler son agrément [8]. Ô suprême ironie, la convention court quand même jusqu’en mars 2016, où les prétendus partenaires sociaux seront censés en avoir signé une autre.
De nouvelles négociations commencent donc le 22 février.
Le gouvernement a déjà largement fait connaître ses préconisations. Sous couvert d’austérité, pour atteindre 800 millions de nouvelles économies faites sur le dos des chômeurs et précaires, il flèche des pistes de négociation : raccourcissement conséquent de la durée d’indemnisation pour tous les allocataires, diminution du ratio 1 jour travaillé 1 jour chômé, abaissement du plancher d’indemnisation.
Entretemps, Pole Emploi continue de réduire la possibilité d’accueil sur site et tend vers une gestion totalement dématérialisée et inhumaine des allocataires [9]. Le contrôle sur les chômeurs s’exerce d’une manière accrue, avec la récente création de postes uniquement dédiés à la détection de fraudes éventuelles et l’introduction en interne de protocoles de contrôle très agressifs, poussant les chômeurs toujours plus loin vers la culpabilité, la peur et la précarité [10].
Contrôle et répression paraissent d’ailleurs être les maîtres mots de l’ambiance sociale actuelle, vissés à notre vie quotidienne par la mise en place autoritaire de l’état d’urgence. Les luttes collectives sont plus que jamais criminalisées, on l’a vu récemment avec diverses condamnations prononcées à l’encontre de personnes solidaires des luttes des migrants ou manifestant contre l’état d’urgence [11].
Manifester notre solidarité lors du procès du 16 février, c’est exprimer notre refus de cet état des choses.
Nous, chômeurs et précaires, refusons une société gouvernée par la peur.
Nous, chômeurs et précaires, continuons à lutter contre la destruction de nos droits sociaux comme de nos droits politiques.
PROCES REPORTE LE 8 NOVEMBRE 2016
Rdv 13h,au TGI de Paris , 8eme chambre, Escalier A, RDC, pôle 2, m° Cité
Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile de France
L’occupation du Lutétia en images, c’est ici