mercredi 11 janvier 2012
Dernière modification : mercredi 18 janvier 2012
L’Etat aime à masquer son incurie en opposant, si possible violemment, les catégories sociales et professionnelles : opposer les allocataires des minima sociaux aux smicards est ainsi devenu le sport favori de certains politiques [1]. Et l’on essaie de faire pareil à Pôle Emploi.
En restreignant les moyens et en déshumanisant les conditions de travail et d’accueil [2], on conduit les personnels à l’impuissance et au fatalisme, les chômeurs à l’incompréhension et à l’agressivité, et on laisse tout ça exploser çà et là en dénonçant à mots couverts l’incompétence des uns [3], et la violence inadmissible des autres.
L’agressivité des chômeurs est légitime et compréhensible et il est même rassurant qu’elle existe : elle démontre qu’ils ne se résignent pas à un système absurde qui privilégie le contrôle sur l’accompagnement, les transformant en fraudeurs [4]et en profiteurs du système [5]
Le vif mécontentement des personnels est logique [6] et il prouve qu’on ne leur donne pas les moyens d’exercer convenablement et efficacement leurs missions [7] : on les met sous la pression de systèmes qui formatent jusqu’à l’absurde leur action et on multiplie les dispositifs et les procédures pour les contraindre à se mettre au service d’une politique d’encadrement [8] et non plus de l’accompagnement des chômeurs.
Des organisations de chômeurs ET des syndicats de salariés de Pôle Emploi [9] ont donc décidé, une nouvelle fois, de s’exprimer ensemble et de désigner les vraies racines du mal et les vrais responsables de conditions de vie pour tous intolérables :
• La colère des personnels est légitime et la seule réponse réside dans un changement fondamental de Pôle Emploi, qui doit fournir à tous les moyens de faire correctement son métier avec comme but d’aider les chômeurs pour accéder à une vraie formation ou un emploi ;
• La colère des chômeurs est justifié par un système déshumanisé et violent mais elle ne doit plus se diriger contre des salariés qui n’ont pas la main mais en actions concertées au sein d’organisations de chômeurs et précaires, contre un système qui ne créé pas les emplois nécessaires [10] et contre des politiques qui entretiennent ce phénomène.
Ces colères, justes et légitimes, ne doivent plus conduire à la résignation et à la violence, mais à la mobilisation commune contre ceux qui organisent un service de moins en moins public de l’emploi, avec des conditions qui ne permettent plus aux personnels de travailler décemment, qui ne permettent plus aux chômeurs d’être accompagnés dignement, qui créé des conditions de vie inacceptables que nous dénonçons ensemble.
11 janvier 2012
AC ! / APEIS / MNCP / SNU-FSU / SUD Solidaires Emploi
Ce communiqué est publié peu avant le mardi 17 janvier, jour pour lequel a été lancé un appel à occuper les Pôle emploi partout en France, la veille d’un sommet « social » gouvernemental dédié à l’emploi durant lequel le vychissois de Neuilly sera à la manoeuvre...
[1] En fait cette forme de manipulation politique n’est absolument pas nouvelle et n’est en rien l’apanage de la droite. Bien avant le « cancer de l’assistanat » du ci-devant Wauquiez, bien avant « Le travail c’est la liberté, le plein emploi est possible » de N.S, ce vichyssois de Neuilly, c’est Lionel Jospin, qui en 1998, alors qu’il était premier ministre, répondait aux mouvements de chômeurs et précaires qui exigeaient « un revenu c’est un dû », par cet ignoble résumé de la doctrine socialiste : « Je préfère une société de travail à l’assistance ». Quand le P.S a-t-il pris ses distances avec un mitterrandisme qui a glorifié les gagnants (remember Tapie), l’entreprise, soit disant seule source de richesse, un P.S qui a crée un RMI interdit aux moins de 25 ans, ce qui a permis de dresser des générations à la précarité de l’emploi ? Jamais. Le social n’est plus à gauche, cette dernière, plutôt adepte du caviar et championne du caviardage des réalités et exigences populaires, a préparé le terrain de toute la « droite sociale », chasse aux pauvres compris.
[2] À propos du management des agents du Pôle, on lira l’analyse d’une remarquable acuité proposée par une syndicaliste de Solidaires SUD emploi Midi-Pyrénées : De l’autre coté du guichet : Pôle Emploi, la violence et l’ennui.
[3] À mots couverts ? Mais non chers camarades, ce qui est en cause ce n’est pas essentiellement l’incompétence des agents du Pôle, qui pourraient certes bénéficier de formations sur les droits des chômeurs en lieu et place du bourrage de crânes sur les obligations à leur imposer qui leur est infligé, mais bien l’incompétence, et aussi la fainéantise absolue de Pôle emploi en tant qu’institution effectivement bonne à rien pour les droits des chômeurs, voir le communiqué faisant suite à un récent procès pour "« outrage à Pôle emploi » (sic) (Voir à propos de ce procès : Outragé, Pôle emploi mord la poussière) et l’ensemble des témoignages qui furent produits en justice à cette occasion : Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants.
[4] Malgré tous ces campagnes de stigmatisation, nous ne leur devons rien, et il faut bien essayer d’instaurer un peu de justice sociale voir : De la légitimité de frauder les minima et de quelques conseils à cette fin.
[5] Malheureusement les faits sont tout autres, ça tourne en boucle, c’est ce système qui profite du système : une étude gouvernementale chiffre à plus de 5 milliards par an l’économie réalisés grâce aux 1 650 000 pauvres qui boudent le RSA alors quil y auraient droit.
[6] Voir par exemple : Grève à Pôle emploi lundi 4 janvier : À La Courneuve, le collectif n’en peut plus.
[7] Tout dépend de quelles missions du Pôle on parle... il y a maintenant des lampes bleues pour détecter les faux papiers, des agents y sont assermentés pour lutter contre la fraude, et toutes sortes de procédures pour assurer la radiation, le placement contraint, diverses formes de management des chômeurs qui sont fondamentalement persécutrices.
[8] Sur l’une des modalités centrales de cet encadrement, Techniques de pouvoir pastoral : le suivi individuel des chômeurs et des allocataires du RSA - Enquête collective.
[9] Voir les positions des principales organisation syndicales du Pôle telle que la mobilisation contre la réforme des retraites avait permis qu’elles s’expriment : Pourquoi la grève à Pôle emploi - CFDT, CFTC, CGT, SNU Pôle emploi FSU, Solidaires Sud emploi, et sur ce que ce conflit a autorisé plus largement :Les grèves de l’automne 2010. Réémergence et perspectives de recomposition d’un antagonisme de classe.
[10] Malheureusement, il faut une fois de plus rappeler que sans une remise en cause du mythe mortifiant du plein emploi - ce que les syndicats et souvent jusqu’aux organisations de chômeurs ont un mal de chien à simplement envisager- on n’avancera pas, voir, par exemple : Le plein emploi est mort, vive le plein emploi précaire !.
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