Festival de Cannes : l’adieu au dialogue

jeudi 22 mai 2014
Dernière modification : samedi 24 mai 2014

On a demandé l’autorisation de tracter [1].
Ça a été refusé.
C’est dommage, car le monde du cinéma aurait pu apprendre que dans la réalité, six chômeurs sur dix ne sont pas indemnisés.

On a demandé des temps de parole pour informer.
Ça a été refusé.
C’est ballot, les artistes et les techniciens auraient pu s’informer du nombre de semaines qu’ils devront attendre avant de percevoir leurs indemnités Assedic l’année prochaine [2].

On a demandé de pouvoir organiser une Assemblée Générale.
Ça a été refusé.
On est dégoûté : on aurait été trop content de nous coordonner, nous autres précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papier avec nos copains de la télé et du ciné.

On a demandé à informer les réalisateurs par le biais d’une lettre.
Sa diffusion a été refusée.
Sac à papier ! Les cinéastes du monde entier reprendront l’avion sans savoir qu’on détruit les droits sociaux au pays de l’exception culturelle !

On a demandé à informer le public par le biais de petits spots avant film.
Voyez-vous ça, le monsieur, il a pas visonné nos ciné-tract.
Il a eu tort de pas les regarder, ils sont vachement bath.

Et enfin, on a demandé à Thierry Frémaux de soutenir la lutte sociale en cours au nom du festival de Cannes.
Et ça non plus.
Il a pas voulu.

Ça fait dix ans qu’on discute [3], qu’on expertise [4], qu’on propose,
et que la seule réponse, c’est le silence.

Alors la prochaine fois,
on demandera pas.

2014 : Festival de Cannes : Quand on ouvre les yeux...

2004 : Dans le bunker du festival de Cannes, lors de la conférence de presse de Godard à Cannes (18 mai 2004), Intermittence et précarité, Précarité et cinéma, Modalités de lutte et propositions

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