ARRÊTez votre propagande ! L’Interluttants

mercredi 23 juillet 2014
Dernière modification : mercredi 23 juillet 2014

Le gouvernement, par la voix de son premier Ministre M. Valls, a annoncé l’agrément du protocole du 22 mars 2014. Le gouvernement applique son pacte de responsabilité. Nous sommes contre le pacte de responsabilité.

Il annonce deux mesures et des discussions improbables. Cette solution est déséquilibrée, elle donne tout le pouvoir aux mêmes qui mettent systématiquement les systèmes de protection sociale en crise, toute annexes confondues.

Ce ne sont pas les annexes 8 et 10 qui sont à bout de souffle, mais le paritarisme.

Le patronat brandit régulièrement la menace de sortir de l’UNÉDIC mais il ne le fait jamais : il y perdrait trop. Le MEDEF est devenu le patron de l’UNÉDIC.

Non, les partenaires sociaux signataires ne sont pas courageux. Savez-vous que cet accord a été négocié dans les couloirs du MEDEF ? Savez-vous que nous ne sommes pas représentés ? Vous arrivez trop tard. Nous avons discuté 11 ans. Nous avons été consultés à maintes reprises par les députés ; des propositions sérieuses, soutenues par votre majorité, ont été faites : cela n’a donné aucun résultat. Nous avions prévenu avant les négociations qu’il fallait les cadrer, le gouvernement ne l’a pas fait. Ce mépris est écœurant : le protocole de 2003, désastreux à tous points de vue, est une nouvelle fois agréé.

Les partenaires sociaux signataires – qui mettraient volontiers à la poubelle la solidarité interprofessionnelle pour un système privatisable à terme – ont des intérêts particuliers à ces mesures anti-chômeurs, et le gouvernement aussi.
Des intérêts de classe.
Nous avons appris tout cela.

Tant d’années de précarisation méritent mieux qu’un différé du différé, qu’une sanctuarisation du budget de la création du spectacle vivant déjà promise et qu’une éventuelle discussion. Nous n’avons aucune garantie sur la tenue, le périmètre, la teneur, les conséquences de cette discussion. Et votre plan de communication pointe les « abus » du secteur : encore et toujours de la propagande, de la stigmatisation.

Tous ces discours depuis 2003 contre les abus ont abouti à des mesures contre les précaires. Arrêtez de dépenser des millions pour contrôler et exclure les plus fragiles d’entre nous.

Nous avons appris tout cela.
Nous savons que depuis 2003, une grande partie d’entre nous est devenue intermittente des droits « sociaux ». Comment pouvez-vous affirmer que pas un intermittent du spectacle n’est exclu ? Un intermittent du spectacle sur deux n’est pas indemnisé. Six chômeurs sur dix ne sont pas indemnisés, toutes annexes confondues.

Tous plongés dans l’incertitude, voilà le programme, cette convention, vos mesures, les horizons.

L’État veut donc participer au financement des annexes 8 et 10, pour un temps incertain ? Le MEDEF et la CFDT vont applaudir : ils sont pour ! C’est pourtant contraire au principe de solidarité, où les actifs cotisent pour les inactifs, les bien portants pour les malades. Si l’État intervient, alors qu’il le fasse pour tous !

La coupe est pleine, OUI, monsieur le Premier Ministre. Le mouvement est différent de celui de 2003, plus déterminé, plus étendu et plus mature. Des centaines d’élus ont demandé le non-agrément, plusieurs maisons de culture, festivals ont demandé le non-agrément, de nombreuses équipes sont en grève ou en lutte... ce n’est pas pour rien. Nous sommes, au-delà des intermittents du spectacle, nombreux à être en colère.

Nous ne sommes pas une réserve d’Indiens. Nous sommes concernés par le reste des annexes et par le reste du monde. C’est l’ensemble de la convention qui est à revoir. Les droits rechargeables sont néfastes pour les salariés en CDD courts. Le régime général n’est pas adapté aux personnes à activité réduite qui y sont brusquement basculées... Vous n’avez pas lu ce que vous agréez ? 86% des embauches se font en CDD, les contrats de moins d’un mois ont plus que doublé. Toucher aux chômeurs les plus atteints par la crise est indigne.

Non, l’assurance chômage n’est pas spécifiquement une forme indirecte de soutien à la culture. Arrêtez ce discours. Les droits sociaux sont des aides indispensables à tous les secteurs.

On rapporterait 57,8 milliards à l’économie et les retombées économiques des dépenses culturelles, tout le monde le sait, sont énormes. Que vous faut-il de plus ? Savez-vous que les intermittents du spectacle sont excédentaires sur les retraites, sur la sécurité sociale ? Mais là on stigmatise d’autres catégories.

Vous êtes en permanence dans la division.
Vous savez tout cela et vous savez que nous savons que vous savez.

Si vous avez pris le relais des ministres responsables en ces matières, c’est qu’une crise politique vous y contraint.

Nous ne paierons pas votre crise et nous allons continuer à vous le dire, et pas seulement dans « le spectacle » et le tourisme, ça aussi vous le savez, les actions de ces dernières semaines ont commencé à vous l’apprendre.

L’économie fait l’économie de nos vies : nous avons appris que c’est elle qu’il faut attaquer.

Cet article est extrait de L’interluttants n° 33, été 2014, dont vous trouverez le pdf, l’édito et le sommaire .

Adresse originale de l'article : http://cambouis.cip-idf.org/spip.php?article7301