Monsieur le ministre du chômage, bonne chasse

lundi 8 septembre 2014
Dernière modification : vendredi 19 février 2016

Monsieur Rebsamen
Ministre du Chômage

Nancy, le 2 Septembre

Monsieur,

Je digère difficilement vos propos écœurants à l’encontre des chômeurs, dont je suis [1]. Cependant, vous avez bien raison de fustiger ces quelques 5 millions de personnes oisives, feignasses en devenir, qui snobent les généreuses et mirifiques propositions du Medef.

Continuez, Monsieur le Ministre du Chômage, ces gueux profitant grassement de Pôle emploi voudraient eux aussi voir leurs émoluments grimper de 30 % comme les as du CAC 40. Puis quoi encore !!!!! Ingrats, ils boudent l’incessant travail élyséen qui tournebroche la courbe du chômage.

Il faut tenir le pays contre les profiteurs, salauds de pauvres (9 millions quand même). Manu Macron (tâcheron chez Rothschild, héritier de Taylor) a fixé un cap, raboter les 35 heures. L’autre Manu (héritier de Clemenceau et du Général Nivelle) a fait l’escort boy aux gâteries du Medef, tortillant du cul et promettant de raser gratuit sur le dos de la populace, trop gâtée.

Il ne manquait que vos propos pourris, pour complaire à l’ordre marchand. Voilà c’est fait ! [2] Quelle semaine !!

François Hollande, a déjà fait le camelot de foire, il y a quelques jours , devant les ambassadeurs ...Les propos étaient aussi infects pour attirer l’investisseur. Le chef de gondole de l’Élysée racolait pour qu’il y ait une plus grande facilité d’obtention de visas pour l’investisseur, l’étudiant à cinq pattes .... Je me souviens, moi, d’une petite Léonarda raflée par trois cars de flics dans un voyage scolaire. Gonflé le François !!

Sachez, Monsieur le Ministre du Chômage, que, depuis trente ans, si vous et vos prédécesseurs aviez été payés au résultat, vous barboteriez dans une mouise peu racontable. Heureusement la République, bonne fille, vous paye, généreusement, avec nos sous, sans qu’aucun contrôle qualité n’ergote sur votre prestation d’épicier.

J’ai passé près de 40 ans à l’usine, dont 28 de nuit en cotisant aux Assedic . J’ai connu trois licenciements économiques, j’ai bouffé deux ans au resto du cœur avec mes mômes, il me semble ne pas devoir un sou à quiconque. Je vous prie donc de garder vos propos populistes nauséeux pour Cahuzac and Co, ou les cireurs de pompes que vous fréquentez.

Pour ma part, il est vrai que je refuse d’aller faire l’esclave pour un demi salaire de merde chez Disneyland à temps partiel, ou autres patrons devant lesquels se prosterne le parti socialiste [3].

Vous vous êtes illustré pour le cumul des mandats, ainsi Maire de Dijon et Président de la Communauté urbaine, vous gagniez 8100 €, aujourd’hui un peu plus de 16 000, comme Ministre. Qui vous autorise à cracher sur des personnes socialement faibles, en passe de devenir pauvres ? Pourquoi n’attaquez vous pas celles et ceux, du cercle feutré du Cac 40, gagnant un Smic à la minute ?

Voilà, Camarade Ministre de Gôche, je n’abuse pas de votre temps, trop précieux à combattre les parasites gavés d’allocations.

Bonne chasse.

Michel ANCE, chômeur, syndicaliste.

Source http://piquetdegreve.blogspot.fr

Notes :

[1« « ‰Je demande à Pôle emploi de renforcer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi. (...) Si ce n’est pas le cas, il faut qu’il y ait, à un moment, une sanction. »‰ », François Rebsamen, 2 septembre 2014.
Les notes ainsi que le post-scriptum sont de la rédaction.

[2« L’intervention de François Rebsamen en posture de donneur de leçons est tout simplement scandaleuse. Nous en voulons pour preuve la façon dont il a géré la ville de Dijon jusqu’à ce qu’il abandonne ses fonctions à l’occasion de sa nomination dans le gouvernement de Manuel Valls. En effet, Dijon présente la particularité d’avoir une dette constituée à 45 % d’emprunts toxiques. Au 31 décembre 2012, sur un encours total de 214 millions d’euros, la ville avait une dette toxique de 97 millions d’euros. Les emprunts risqués de la collectivité au titre de ses trois budgets sont au moins au nombre de 30(...). Citons par exemple les trois prêts n° 200709-1, 200709-2 et 200804 souscrits auprès du Crédit Foncier de France qui présentent selon l’état de la dette 2012 un coût de sortie chiffré respectivement à 3 294 207,79 euros, 809 422,45 euros et 18 126 219,04 euros, des sommes plus de deux fois supérieures aux capitaux restant dus de ces prêts qui s’élèvent respectivement à 1 369 684,17 euros, 336 546,20 euros et 7 536 620,90 euros ! Enfin, le risque est également attesté par les multiples instruments de couverture souscrits pour couvrir les risques attachés à certains contrats (cf.) qui ont représenté un coût net de 1 479 133,79 euros pour le budget principal et de 14 003,34 euros pour le budget stationnement, autant de charges s’ajoutant aux intérêts des emprunts. Au vu de ce bilan catastrophique, un aussi piètre gestionnaire que Monsieur Rebsamen est illégitime pour faire la leçon à d’autres.
Plus grave, bon nombre de ces emprunts toxiques ont été souscrits auprès de Dexia Crédit Local de France, sachant que François Rebsamen a été administrateur de Dexia jusqu’au 23 octobre 2008 et percevait à ce titre 20 000 euros par an, une situation susceptible de relever de la prise illégale d’intérêt. Dès 2003, il était déjà membre du conseil de surveillance de Dexia Crédit Local, présidé à l’époque par Pierre Richard, et touchait à ce titre une rémunération annuelle de 15 000 euros. » La radiation de Rebsamen s’impose, Patrick Saurin, 4 septembre 2014.
Comme on le sait, c’est la « dette publique » qui « justifie » les mesures d’économie appliquées à l’encontre de la population...

[3« 350 000 offres d’emploi ne trouveraient pas preneurs selon le ministre du Travail. Un chiffre qui alimente le discours sur la fraude bien qu’il ne repose sur aucune étude rigoureuse. ... si le taux de chômage est si élevé dans l’Hexagone, c’est parce qu’il n’y a pas d’emplois à occuper, et non parce que les chômeurs n’en cherchent pas. (...) Si certains postes ne trouvent pas preneur, c’est aussi en raison de la qualité des emplois proposés : horaires atypiques, temps partiels, faibles salaires, conditions de travail, éloignement géographique... Le déficit d’image dont souffrent certains secteurs comme l’hôtellerie, les métiers de bouche ou encore la métallurgie explique ce manque d’intérêt. Tout comme les exigences des employeurs en quête du candidat expérimenté parlant cinq langues pour un salaire de débutant. » Offres d’emploi non pourvues : la machine à fantasme, Alternatives économiques.

Et aussi.

Face à la fin du plein emploi qu’ils feignent d’ignorer, ils organisent la répression contre ceux qui refusent de prendre ces innombrables miettes de petits boulots qui jonchent le marché du travail et les résidus de salaires allant avec.. Quand on a faim, on n’a pas le droit de faire la « fine gueule » ! Cette convention d’assurance chômage insécurisante, pleine de pièges pour les demandeurs d’emploi, associée aux menaces de sanctions, vient à point : les voilà poussés à accepter un emploi ne correspondant pas à leur choix (qualification, durée, rémunération et temps de travail) sous peine de radiation.
La courbe monte... les chômeurs trinquent - Recours radiations

Chômeurs contrôlés , patrons assistés : la démagogie, mode d’emploi ( précaire)

Inquiétante continuité socialiste en matière de flicage et de stigmatisation des chômeurs...

Lorsqu’il était 1er ministre, Pierre Mauroy avait dès 1983 dénoncé les « faux chômeurs » ; en 1992, Martine Aubry, ministre de l’emploi avait fait adopter une loi sur le contrôle des chômeurs qui inversait la charge de la preuve ; Jospin premier ministre avait, en 1998, répondu aux mouvements de chômeurs et précaires préférer « une société de travail à l’assistance » (reniant ainsi toute valeur de solidarité, ouvrant la voie au « travailler plus » pour gagner rien de N.S, voir À gauche poubelle, précaires rebelles - Cargo, mai 1998).

Mettre l’entreprise au pinacle, c’est attaquer les salariés. C’est signifier que l’on ne doit plus les considérer comme des producteurs de richesse mais comme des « coûts ». Le chômeur, même non indemnisé, est la figure paradigmatique de cette dépense indue, à réduire, etc. Cette « valorisation » de l’entreprise a été mise en oeuvre dès les années 80, voir Trois critiques des années Mitterrand.

Il s’agit de faire accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle conditions, voir Alerte ! Pôle emploi commence à radier pour refus d’Offre Raisonnable d’Emploi.

L’objectif de l’état néolibéral, est d’aller vers le « modèle allemand », avec ses 25% de travailleurs pauvres, voir : Dette et austérité, le modèle allemand du plein emploi précaire.

Quelques recettes pour passer au travers Pôle emploi : déjouer les convocs pour « entretien téléphonique », les radiations, le suivi....

Ils iront au bout de ce qu’ils peuvent. S’abstenir de lutter encouragerait les oligarques qui conduisent cette guerre contre la population.

Adresse originale de l'article : http://cambouis.cip-idf.org/spip.php?article7341