vendredi 4 mars 2016
Dernière modification : vendredi 25 mars 2016
Avant, c’était le RMI, et déjà la politique d’« activation des dépenses passives », c’est-à-dire de mise au travail des allocataires et chômeurs, avait la faveur de décideurs qui faisaient assaut de propositions en ce sens [1].
Avec le RSA, le contrôle des précaires s’est durci. À tel point que le non recours à cette prestation a explosé [2]. Les récentes déclarations du Conseil Général du Haut-Rhin voulant conditionner le RSA à des heures de « bénévolat » forcé le montrent. Pour les pauvres, l’alternative est claire : travailler gratuitement ou à bas prix, ou bien disparaître.
Jʼai demandé le Rmi
Mais je ne suis pas fainéant
Moi jʼécris de la poésie
Jʼai jamais travaillé autant
Une dame me reçoit elle me dit :
Vous faites quoi pour vous en sortir ?
Jʼhésite un peu puis je lui dis :
Des chansons, ça va aboutir
Elle me regarde avec pitié
Ou bien est-ce du désespoir ?
Me dit : faut cesser de rêver
LʼÉtat nʼentretient pas des loirs
Lʼassistante sociale
Me veut du mal
Sans conversion
Jʼai pas un rond
Il faut quʼjʼavale
Sa pʼtite morale
Sans le sermon
Jʼai pas dʼtampon
Deuxième rendez-vous elle me dit :
Alors, toujours pas de métier ?
Quelquʼun commʼ vous cʼest du gâchis
Je lui reparle de mon projet :
Laissez-moi produire de lʼesprit
Pendant que dʼautres font leur beurre
Pour si peu de sous consentis
Moi, Madame, jʼemplirai des coeurs
Elle me fait signer la promesse
De chercher un emploi sérieux
Moi jʼai des créanciers aux fesses
Je veux bien signer ce quʼelle veut
Lʼassistante sociale
Me fait du mal
Sans concession
Jʼai pas un rond
Il faut quʼjʼavale
Sa pʼtite morale
Sans le sermon
Jʼai pas dʼtampon
Cette fois elle brandit la photo
Dʼun champion cycliste quʼelle me vante
Faudrait que je trempe mon maillot
Je ris jaune, je crois quʼelle déjante
Jʼavais quʼà opter pour la cloche
Être absolument conséquent
Ah madame, jʼadmets ce reproche
Je ne suis pas si complaisant
Ma famille, dites-vous, mes amis ?
Déjà mis à contribution
Jʼai eu mon lot de sympathie
Et ce quʼil faut dʼhumiliation
Lʼassistante sociale
Le prend très mal
Sans insertion
Jʼai pas un rond
Si je ravale pas ma morale
Si je fais front
Jʼai pas dʼtampon
Et quand ça serait une chimère
Cette bête là, elle me vient de loin
Ayant agrippé sa crinière
Je monte à cru et je vais bien
Jʼaimerais bien rester sous un toit
Mʼalimenter et parfois boire
Comment convaincre ces gens là ?
Jʼai déjà du mal à y croire
Artiste sans gloire, tʼas la vie dure
Ton genre nʼa pas droit de cité
Ils feront tout pour que lʼusure
Ait raison de ton échappée
Lʼassistante sociale
Me comprend mal
Bonnes intentions
Ou frustrations ?
Jʼai pas lʼmoral
Cʼest pas social
Y’a du pognon
Révolution !
Tony Abdo
2008
[1] Voir Notre insertion contre la leur !, sur le projet de conditionner le versement du RMI à des heures de travail en 1998
Une autre chanson à propos du RMI « Lettre à Monsieur le Préfet ».
« Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris