mardi 15 juillet 2003
Dernière modification : mercredi 13 août 2003
Avec l¹impôt culture, la fête qui dure.
Nous sommes en plein dans les manifestations des intermittents du spectacle
(moi-même ai pris la parole pour informer le public, au CDN de Besançon, qui
attendait Abdullah Ibrahim - anciennement Dollar Brand - lequel d¹ailleurs
nous a offert un concert inoubliable au piano solo, tellement personne ne
s¹est senti d¹arrêter ce concert et ceux de jazz en Franche-Comté).
Mais les propos autour de cette subvention particulière du spectacle vivant
et de l¹industrie de la télévision, de la vidéo et du cinéma par l¹assurance
chômage est d¹une grand tartufferie .
Qui paie ? en vérité !
Avant de voir qui paie et qui ne paie pas cette subvention déguisée aux
travailleurs artistique, disons pour dissiper tout malentendu, que dans son
application, cette forme de subvention est extraordinairement efficace et
nécessaire à la grande diversité du spectacle vivant en France.
On admet souvent que le système d¹assurance chômage représente ou
représenterait la moitié des moyens de financement du spectacle vivant.
Admettons que ce soit exact, nous pouvons néanmoins observer qu¹entres
autres :
Les avocats ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les bouchers, les charcutiers, les fromagers, les épiciers non salariés, ne
financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les commerçants du centre ville ne financent pas l¹intermittence du
spectacle, les autres non plus.
Les brocanteurs, ne financent pas l¹intermittence du spectacle. Les
antiquaires pas plus.
Les restaurateurs ne financent pas l¹intermittence du spectacle, leurs
employés si.
Les professeurs de mathématiques, ne financent pas l¹intermittence du
spectacle, mais ceux de français ou d¹histoire-géo, non plus.
Les professeurs de théâtre de l¹éducation nationale, ainsi que les
professeurs de danse et de cirque de l¹éducation nationale, ne financent pas
l¹intermittence du spectacle.
Le personnel administratif de l¹éducation nationale, ne finance pas
l¹intermittence du spectacle.
Le personnel enseignant et administratif de l¹université, ne finance pas
l¹intermittence du spectacle.
Les militaires de l¹armée de terre ne financent pas l¹intermittence du
spectacle.
Les militaire de l¹armée de l¹air ne financent pas l¹intermittence du
spectacle.
Les militaires de la marine nationale ne financent pas l¹intermittence du
spectacle.
Les policiers qui ont embarqué José Bové ne financent pas l¹intermittence
du spectacle.
Les CRS qui ont embarqué les intermittents du spectacles qui bloquaient le
théâtre de Caen. ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les paysans qui ont détruit le bureau d¹un ministre de l¹environnement ne
financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les paysans non salariés militants des syndicats paysans de droite ne
financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les paysans non salariés militants des syndicats paysans de gauche ne
financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les fonctionnaires ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Donc, aucun employé des ministères de la culture et de l¹éducation et de
tous les autres, ne finance l¹intermittence du spectacle.
Les juges, les procureurs de la république, les gardiens des prisons
surchargées, ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les voleurs, les bandits, les escrocs, les marchands de teush, les
aigrefins, les trafiquants de cigarette de contrebande, ne financent pas
l¹intermittence du spectacle.
Les adeptes des sectes fermées, ne financent pas l¹intermittence du
spectacle.
Les curés, les abbés, les bonnes soeurs, les frères trappistes, ne financent
pas l¹intermittence du spectacle (sauf peut être en Alsace, mais il faudrait
vérifier).
Les gérants de société ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les rentiers ne financent pas l¹intermittence du spectacle
Les boursicoteurs ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les pdg des grandes sociétés ne financent pas l¹intermittence du spectacle,
même ceux des chaînes de télévision.
Les directeurs et propriétaires de sociétés de production qui emploient des
intermittents du spectacle, ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Les propriétaires des garages et salles diverses loués à Avignon pendant le
festival ne financent pas l¹intermittence du spectacle dans le cadre de
cette activité commerciale.
Le personnel des administrations qui gèrent les dossiers de demande de
subventions des compagnies de danse, de théâtre, de cirque, ne financent pas
l¹intermittence du spectacle.
Les ministres du gouvernement ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
Le directeur de la direction de la musique, du théâtre et de la danse du
ministère de la culture ne finance pas l¹intermittence du spectacle.
Car tous les privés, toutes les sociétés ou administration ne cotisant pas
aux ASSEDICS ne financent pas l¹intermittence du spectacle.
La liste n¹est pas infinie mais elle est très longue et je me fatiguerais à
essayer de la rendre exhaustive, et vous, plus encore à la lire.
Cependant :
Mon voisin, ouvrier maçon finance l¹intermittence du spectacle.
Les tourneurs fraiseurs de l¹usine d¹à côté financent l¹intermittence du
spectacle.
Les salariés des grosses fermes céréalières de la Beauce, financent
l¹intermittence du spectacle ainsi que la société qui les emploie .
Les presque cinquante pour cent de Français qui ne gagne pas plus que le
SMIC financent l¹intermittence du spectacle.
Le personnel des restaurants qui servent les comédiens après le spectacle
financent l¹intermittence du spectacle.
Le personnel des hôtels dans lesquels ils sont logés financent
l¹intermittence du spectacle.
Le personnel administratif et artistique des compagnies financent
l¹intermittence du spectacle.
Les ouvriers, les cadres moyens et supérieurs des petites et moyennes
entreprise financent l¹intermittence du spectacle.
Toutes les sociétés employant du personnel financent l¹intermittence du
spectacle.
Tous les particuliers employant personnellement du personnel financent
l¹intermittence du spectacle.
Toutes les personnes ou société cotisants aux ASSEDICS financent
l¹intermittence du spectacle.
Avant d¹aller plus loin, amusez vous à imaginer, dans ces deux listes
établies au hasard et au fil de la pensée, lesquels vont au spectacle et
lesquels n¹y vont jamais.
C¹est instructif non ?
Parler de l¹intermittence selon ce point de vue est tabou. La conséquence de
ce tabou fait du discours sur l¹intermittence un discours culpabilisé.
La plupart du temps, écoutez les, les artistes intermittents, justifier
qu¹ils ne sont pas des fainéants profiteurs. Et leurs détracteurs de dire
que si.
Parce que le financement de cet état de fait n¹est pas juste.
Il n¹est pas juste qu¹une moitié seulement des contribuables- les
entreprises et les salariés-, finance le spectacle vivant.
C¹est contraire aux fondements de notre république.
Je crois que si on faisait payer le double des prix de place aux spectacles
à tous ceux qui n¹ont pas cotisé aux ASSEDIC, cela ne serait pas bien perçu
!
Il est anormal que ce soit une assurance chômage qui finance le spectacle
vivant, l¹industrie de la télé, de la vidéo et du cinéma.
Pourtant il est absolument nécessaire de garder les effets et les modalités
du statuts de l¹intermittence du spectacle. Il est garant de notre richesse
culturelle.
Mais il faut changer la source de financement.
Je crois qu¹il faut maintenir le statut particuliers aux artistes du
spectacle vivant en France, en finançant ce statut- en tant que statut- par
l¹impôt, qui lui est payé à peu près par tout le monde (sauf les plus riches
me dit mon voisin employé maçon, mais je n¹ai pas vérifié ses sources).
Alors que 50% des français les moins fortunés ne payent pas d’impôts sur le
revenu, il payent- s¹ils sont salarié-, leur cote part aux ASSEDICS donc aux
intermittents.
Le problème c¹est que tout le monde a avantage à cet arrangement
historique, mais bâtard.( Votre serviteur comme tout le monde !)
Mais alors, nous, artistes- arrêtes moi si je me trompe- ne sommes-nous pas
les champions de la critique sociale ?
Les champions de faire agir et réagir la société ?
Rappelle-moi ,si tu as le temps, ce qu¹on peut lire dans les plaquettes des
théâtres de toute nature, au sujet de la nécessité du théâtre dans la
société.
Et la nécessité de plus de justice et de transparence.
A quand une pièce sur l¹injustice des financements du théâtre, dont les
fauteuils sont majoritairement occupés par des non cotisants aux ASSEDIC
et à cette autre injustice, qui est que la très grande majorité des
cotisants aux ASSEDICS eux, n¹ont jamais mis les pieds dans un théâtre ?
A cette année j¹espère ! Au festival d¹Avignon dans les garages de non
cotisants.
Sauf si, bien sur, les acteurs, les techniciens de cette pièce de théâtre
souhaitée, sont en grève pour défendre le statut des intermittents du
spectacle.
Statut sans lequel, il n¹y aurait pas de pièce du tout. Faute d¹acteurs et
de techniciens.
C¹est pas simple ! Mais que cela ne nous empêche pas de réfléchir et de
débattre.
Amitiés syndicales. B Kudlak